Bootstrapping : L’art de lancer sa boîte sans un rond ou presque
Faire avec peu de moyens, telle est la philosophie des bootstrappers. Ces entrepreneurs autofinancent leur projet. Mais pour réussir leur pari, la frugalité ne suffit pas. Il faut aussi, et vite, générer du chiffre d’affaires. Ainsi, on parle de “Bootstrapping“.
Démarrer son argent ou presque, c’est possible ! Outre-Atlantique, cela porte même un nom : le bootstrapping. Son principe ? Financer son projet avec des fonds propres limités, voire très limités. Sauter la case investisseurs permet aussi à l’entrepreneur de rester seul maitre à bord le plus longtemps possible.
Avec peu d’argent et donc une trésorerie modeste, le système D s’impose. « J’ai visité les locaux d’Amazon aux Etats-Unis au démarrage de l’entreprise. Les salariés travaillaient sur des portes posées sur des tréteaux ! », s’amuse Brice Cornet, fondateur de Simple CRM et auteur de « Créer votre start-up sans moyen financier et lever 1.000.000 € » (Ed. Edi Pro 2).
Sans moyens financiers, l’entrepreneur recommande de faire soi-même, en particulier la communication de base : logo, site web, brochures digitales plutôt que papier… Et pas question, évidemment, de louer des locaux. Un bureau à domicile et un ordinateur personnel suffisent. Frugal, le bootstrapper doit limiter tous les coûts : loyer, transport, frais de représentation. Et tenter de négocier des rabais sur les achats incontournables. Gérer rigoureusement les dépenses, c’est aussi privilégier la location et l’achat d’occasion. Voire le troc d’équipements et de services avec son réseau.
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La rentabilité avant tout
Mais du cash, il faut toujours un minimum… alors comment alimenter la trésorerie ? « En menant une activité secondaire pour financer l’activité principale », recommande Brice Cornet. Par exemple, des missions de conseil dans son secteur d’expertise. Pour trouver des clients, il ne faut pas hésiter à s’adresser à ses anciens employeurs, plus faciles à convaincre. « Mais attention, si ce side project occupe plus d’un tiers du temps, il cannibalise le nouveau projet », met en garde Brice Cornet. L’idéal est d’avoir un side project en lien avec son nouveau produit, pour créer une base de clients potentiels et le tester en avant première.
Limiter les dépenses et mener une activité secondaire ont cependant un inconvénient majeur : le risque de s’éparpiller. Sans produit minium viable ( MVP ), impossible de générer un le moindre chiffre d’affaires. Pour qu’un projet démarre et soit viable, il faut qu’il rapporte plus qu’il ne coûte.
Pour Caroline Pailloux, fondatrice du cabinet de recrutement Ignition program et adepte du bootstrapping, le principe est simple : chaque euro dépensé doit en rapporter au moins un et demi. « Nous avons une approche très financière de notre business. Nous cherchons la rentabilité pour financer la croissance et non pas la croissance pour créer de la rentabilité ». Chez Ignition program, chaque projet a un compte de résultat séparé et autonome. « Par exemple, si je veux embaucher un salarié, je calcule le coût sur six mois et je mets en regard le chiffre d’affaires que je dois réaliser », détaille-t-elle.
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Superprof, exemple réussi de bootstrap – Bootstrapping
Présidente d’une toute nouvelle association, Club Bootstrap , Caroline Pailloux l’affirme : il peut y avoir de très belles croissances en mode frugal. Preuve en est Superprof, une plateforme de cours particuliers. Lancée en 2013 par Wilfried Granier, la start-up, aux 200 salariés, vise cette année les 20 millions de chiffre d’affaires. « Nous n’avons jamais levé un centime », annonce fièrement l’entrepreneur qui aime rappeler avoir engrangé 27 euros de chiffre d’affaires le jour du lancement de Superprof.
Son secret ? Ne pas hésiter à faire payer son service et réinvestir chaque euro gagné. « Au départ, nous facturions aux élèves 9 euros l’accès au site. Nous sommes rapidement passé à 19 puis 29 euros. Tout le monde m’a dit que c’était une erreur, mais les clients ont suivi ! », se félicite Wilfried Granier. Cette stratégie audacieuse lui a permis de décrocher des financements bancaires classiques et ainsi de nourrir sa croissance. Superprof est aujourd’hui présent dans 35 pays, en 17 langues. Et Wilfried Granier entend ne pas s’arrêter là. En toute indépendance !