Les Bayombe (Peuple de deux Congo et d’Angola)
Il est important d’aborder la question de l’appartenance des Bayombe à la grande famille kongo, c’est parce que certaines personnes ont tendance à les présenter comme un groupe faisant bande à part.
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Le Pays Mayombe
Le Mayombe ou Mayumbe est une région géographique de la côte occidentale de l’Afrique, occupée par de basses montagnes s’étendant de l’embouchure du fleuve Congo au sud, jusqu’à la rivière Kouilou-Niari au nord. Son territoire s’étend sur celui de la République démocratique du Congo, de l’Angola (enclave de Cabinda), de la République du Congo et du Gabon.
Mayombe désigne plus spécifiquement en République démocratique du Congo la partie nord-occidentale de la province du Kongo central sise en rive droite du fleuve (principales villes et localités : Lukula, Seke Banza, Kangu, Tshela).
Géographie physique de Bayombe
Les Bayombe occupent un territoire plus vaste. En effet, « suite au découpage géographique du continent africain qui résulte de la Conférence de Berlin de 1885, les Bayombe se retrouvent aujourd’hui en Angola, en République du Congo et en République démocratique du Congo » . « Administrativement, le Mayombe constitue la moitié occidentale de cette partie du Congo-Kinshasa qui s’étend, à l’ouest de la République, sur la rive droite du fleuve Congo ». C’est le territoire situé entre l’estuaire du fleuve Congo et le Cabinda, à l’ouest, les savanes des Manyanga à la rivière Tombe (Sumbi), affluent du Congo, au sud, le Lwangu, au nord . À l’époque qui a suivi le début de la colonisation, la région du Mayombe était divisée en quatre territoires : Tshela, Lukula, Seke Banza, Boma.
La région nord du Mayombe a une population fière et belle, d’une grande densité, avec des agglomérations très importantes placées les unes à côté des autres, notamment les villages riverains de la Lukula et de la Lubuzi. Ces villages ont des populations très nombreuses . L’étude récemment menée par L. de Saint Moulin sur le Mayombe fait mention du district du Bas-Fleuve et de trois territoires (Lukula, Seke-Banza, Tshela), de dix-huit collectivités, de cent soixante-deux groupements et de deux cités (Lukula et Tshela) . En réalité, depuis les années 1980, le Mayombe connaît l’émergence de plusieurs agglomérations au statut urbano-rural. Leur configuration sociale et administrative se distingue des structures coutumières. Parmi les grandes agglomérations les plus remarquables figurent les cités de Lovo, Lemba, Patu, Moenge, Lukula, Nsioni, Tsundi sud (Mbata-Mbenge), Loango, Tshela, Tsanga nord, Tsanga sud. Les populations de ces cités proviennent des villages divers du Mayombe et même d’autres régions de la République Démocratique du Congo. C’est ainsi que la vie s’y organise en quartiers comme dans d’autres grandes villes du pays. De nombreuses Églises de réveil s’y implantent aussi et y font la conquête de leurs adeptes.
Sur le plan géographique, le Mayombe ne constitue qu’une partie de l’aire définie administrativement. Il s’arrête à 20 ou 30 kilomètres du fleuve Congo, à la rivière Tombe vers l’est, aux savanes du Kakongo à l’ouest. Il déborde largement la frontière du Lwango au nord, en territoire de Cabinda et du Congo Brazzaville . C’est un pays de grande forêt, au relief moyen, usé, mais très marqué. Ses points culminants atteignent 650 à 800 m2 . C’est l’actuel District du Bas-Fleuve. Il couvre les territoires de Tshela, Lukula et Seke Banza, et comprend 162 Groupements dont les responsables sont aussi Chefs coutumiers au pouvoir traditionnel . Les Yombe désignent chaque chef de groupement par Pfumu Makanda (Chef de groupement familial). La fonction traditionnelle des chefs coutumiers a été intégrée dans la structure actuelle de l’administration publique depuis l’époque coloniale. Les nouvelles agglomérations érigées en cités font partie de nouvelles structures étatiques. Elles sont dirigées par des chefs de cité nommés par la hiérarchie politico-administrative, indépendamment de leurs origines tribales, à l’inverse des chefs de groupements ou chefs coutumiers. Le choix de ceux-ci obéit aux critères traditionnels d’appartenance clanique ou tribale en rapport avec le lieu d’implantation du groupement familial. En réalité, la nomination officielle d’un chef de groupement est faite par l’autorité administrative, du fait de son intégration dans la structure étatique. Cependant le choix du candidat à nommer est fait au niveau du clan, et en conformité aux lois coutumières. Il arrive qu’il y ait un conflit d’autorité entre le chef coutumier et le chef de cité qui exerce, en parallèle, presque le même pouvoir dans une structure moderne, la cité. Le chef coutumier ou chef de groupement se réclame toujours comme l’ayant-droit et le premier propriétaire terrien.
Le territoire du Mayombe mesure environ 16.000 km². « Il est recouvert sur presque toute son étendue d’une épaisse forêt équatoriale entrecoupée de petites savanes boisées. Il est arrosé, en plus des pluies dont la saison dure sept mois Ŕ du 15 octobre au 15 mai environ Ŕ, par un réseau très dense de petits et moyens cours d’eau dont les principaux sont : le fleuve Shiloango au nord, son affluent la Lukula au sud et la Lubuzi, affluent de la Lukula au centre. Il possède toutes les caractéristiques de la grande forêt équatoriale africaine : sol fertile et d’une grande humidité constante, sylve de haute futaie, flore et faune abondantes et variées, etc.»4 . On assiste actuellement à une disparition progressive de la forêt, à cause d’une intense exploitation du bois par de grandes sociétés. Celles-ci n’ont malheureusement pas mis en œuvre une politique de reboisement. Le manque d’emploi et l’appauvrissement croissant de la population favorisent également l’exploitation du bois de chauffage pour la fabrication des braises. Par conséquent, la grande forêt du Mayombe est en train de se transformer en brousse ou en savane herbeuse.
Population Bayombe
Parmi les groupes ethniques qui peuplent cette région, les Yombe, un sous-ensemble des Kongo, sont les plus nombreux.
Les Yombe sont environ 300.000 en RD Congo avec comme centres principaux Kangu, Kisu, Lukula, Tshela … et plus de 1.000.000 au Congo.
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Les Bayombe au sein de la grande famille Kongo
Les Yombe sont un peuple d’Afrique centrale, établi au Mayombe, au centre de la République démocratique du Congo, dans le sud-ouest de la République du Congo et au Cabinda (Angola). Ils appartiennent au grand groupe des Kongos.
Il est important d’aborder la question de l’appartenance des Bayombe à la grande famille kongo, c’est parce que certaines personnes ont tendance à les présenter comme un groupe faisant bande à part.
Les Yombe et les trois clans originaux de Kongo
Les traditions yombe, woyo, kwa-kongo et loango affirment toutes, dans des versions propres à chaque groupe, que leurs peuples descendraient d’une femme aux neuf mamelles. Nous allons essayer, dans ce point de chercher à savoir qui est cette fameuse femme, cet autre personnage mythique.
La femme aux neuf mamelles n’est autre que Lukeni lwa Nimi. Elle eût neuf enfants, d’où l’appellation de « femme aux neuf mamelles ». Sa beauté, ses caprices et sa grande progéniture lui ont valu plusieurs surnoms parmi lesquels : Vuzi, Kinzengele, Nkênge, Lawu, N tênde, Mungôyo. Elle prit aussi le nom de sa mère, Nzinga ou Mazinga, l’aïeule de tous les Kongo, la grand-mère de l’origine ou « Nkâka ya kisina »
. La grand-mère de l’origine, Nzinga ou Mazinga, était la fille de Nkuvu et l’épouse de Nimi, d’où son nom complet : Nzinga a Nkuvu, qu’il ne faut pas confondre au Mani Kongo rencontré par Diego Cao. Avant la fille (Lukeni lwa Nimi), dernière sur la liste, l’ancêtre originaire eut des jumeaux : l’a né ita a Nimi, surnommé Ma-samba, ou encore Nsaku d’où le nom ki-Nsaku donné à ses descendants et Mpânzu a Nimi. Ainsi, les trois enfants de la « Nkâka ya kisina » forment ce que les Koongo appellent : Makuku matatu malâmb’e Kôngo, les trois piliers sur lesquels est bâti le royaume de Kongo.
Ainsi, pour retrouver les douze clans Kongo dont parlent certains auteurs qui, à tort ou à raison, les comparent aux douze tribus d’Israël, il suffit d’ajouter aux trois piliers les 9 fils de Lukeni lwa Nimi a Nzinga.
Dans une des versions de la tradition Woyo, la grand-mère des origines est assimilée à une certaine Mpuenya qui serait venue du royaume de Kongo d’où elle aurait été chassée pour avoir donné secrètement naissance à des triplés : deux garçons Tumba et Lilu et une fille Silu. Quant à la femme aux neuf mamelles, « Nguli ivwa mabene » en kiwoyo, une autre version l’assimile à Tsikulu, mieux Cikulu, une princesse ili (Loango), qui entreprit un périple vers le sud en quête de terres et d’un sanctuaire318 . Pour ce qui est du proverbe relatif aux trois clans primordiaux, les Woyo l’ont rendu ainsi : « Makuku matatu ma telemene nzungu. Ndje mona lina, mbabu » : Ce qui se traduit en français : « trois piliers suffisent pour maintenir la marmite en équilibre. Un quatrième pourrait la déséquilibrer ».
Extrait du livre de : NZINGA, Paul, Kongo. La glorieuse histoire de l’Afrique noire : Odyssée vers les sources originelles de l’humanité, Beau Bassin, Presse Académique Francophone, 2017
Ethnonymie
Selon les sources, on observe de multiples variantes : Bayombe, Iombe, Kiombe, Kiombi, Kiyombe, Majombe, Majumbe, Mayomba, Mayombe, Mayumba, Mayumbe, Yombes, Yumbe.
BaYombe est un pluriel bantou.
Mouyombi ou Nyombi signifie celui qui vit dans la forêt. Mayombi signifie la forêt. Mayombe veut dire la bravoure, Nyombe ou Mouyombe signifie le brave.
Langue des Bayombe
Ils parlent le yombe (ou kiyombe), une langue bantoue. Le nombre total de locuteurs était estimé à plus d’un million au début des années 2000, dont 669 000 en République démocratique du Congo (2002), 348 000 en République du Congo (2000) et 39 400 en Angola (2000).
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Culture
Les Yombe ont produit un grand nombre de sculptures, notamment des maternités et des fétiches à clous ou à miroir. Ces fétiches portent souvent des scarifications aux épaules. Leurs hautes coiffures pointues ou arrondies sont gravées de motifs géométriques. Une bouche entrouverte laissant apparaître des dents pointues leur confère parfois une expression menaçante.
Kintueni National
Alimentation
L’un de leurs plats typiques est le bitoto. Riche en calories, il associe plusieurs produits agricoles (banane, feuilles de manioc, ignames…).
Plat de nsaka-madesu
- Source RAMEAU, BnF
- ↑ (en) Fiche langue dans la base de données linguistique Ethnologue.
- ↑ Voir aussi Raoul Lehuard, Fétiches à clous du Bas-Zaïre, Arts d’Afrique noire, Arnouville, 1980, 264 p.
- ↑ Voir aussi Léo Bittremieux, La société secrète des Bakhimba au Mayombe, G. van Campenhout, Bruxelles, 1936, 327 p.
- ↑ Voir aussi Raoul Lehuard, Les Phemba du Mayombe : les figures sculptées dites phemba du Mayombe, Arts d’Afrique noire, 1977