Royaume Kongo : L’histoire du peuple Kongo à travers ses rois – Partie 1

Royaume Kongo : L'histoire du peuple Kongo à travers ses rois

Le royaume Kongo était un empire de l’Afrique du Sud-Ouest, situé dans des territoires du Nord de l’Angola, de Cabinda, de la République du Congo, l’extrémité occidentale de la République démocratique du Congo et d’une partie du Gabon. À son apogée, il s’étendait de l’océan Atlantique jusqu’à l’ouest de la rivière Kwangoà l’est, et du fleuve Congo jusqu’à la rivière Loje au sud.

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Royaume Kongo

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Territoire et organisation du Royaume Kongo



* Toute la partie nord et nord-est de l’actuel Angola était des territoires du royaume Kongo dont les frontières s’étendaient sur tout le long du littoral de l’océan Atlantique de tous ces trois actuels pays Angola, République démocratique du Congo et République du Congo (soit des ex-provinces du royaume Kongo : Soyo, Mbata, Pumbu, et des ex-territoires vassaux : Loango, Vili, etc. Cette partie dans l’actuel Angola fut détachée de l’autorité du roi Kongo par un groupe d’aventuriers portugais chassés de Mbanza-Kongo (capitale du royaume Kongo) à cause de leurs activités de commerce d’esclaves que n’approuvait plus le peuple Kongo. En se réfugiant dans cette partie du royaume Kongo, les aventuriers portugais firent assassiner Dongo, le gouverneur nommé par le roi, avant de procéder à la sécession. Quelques années plus tard, un des fils de l’ancien gouverneur Dongo dénommé Ngola fit organiser une contre-attaque contre les Portugais qui se réfugièrent dans les terres de São Tomé. Ainsi Ngola était devenu le chef de cette partie du royaume Kongo de qui vient l’appellation originale de ce pays Ngola que les Portugais appelaient Angola. Par contre jusqu’à ce jour dans les dialectes des peuples Kongo le kikongo (dialecte qui se prononce avec différents accents selon les ethnies) le pays nommé actuellement Angola n’a pas de prononciation, le A n’étant pas de la dialectique Kongo, ce pays s’appelle toujours Ngola en kikongo.

  • Dans la partie ouest de l’actuelle République démocratique du Congo, pays qui tire son nom par la substitution du par le C (Kongo = Congo), le royaume Kongo s’étendait du littoral de l’océan Atlantique jusqu’à la rivière Kwango, soit toute l’actuelle province du Kongo central jusqu’aux rives du fleuve Kwango. Le Bandundu actuel est une entité purement politique créée par Mobutu vers les années 60, elle n’existait pas autrefois. L’actuelle ville de Kinshasa était bel et bien un territoire à part entière du royaume Kongo qui s’appelait Pumbu et dont les chefs des terres étaient les clans : Lukeni, Lukunga et Teke, les Humbu n’étant devenu un clan chef des terres que bien après. Tous les peuples de l’actuel territoire de Kwango dans l’actuelle province de Bandundu, les Yaka, les Lonzo, les Mbata, les Suku, etc. sont des Bakongo et n’ont rien en commun avec les autres ethnies du Bandundu actuel. L’empire Yaka fondé vers le xviie siècle était une fabrication des Portugais qui voulaient éloigner les guerriers Yaka du royaume Kongo afin de l’affaiblir militairement.
  • Dans l’actuelle République du Congo, en dehors de la partie nord tous le reste du pays était un territoire du royaume Kongo.
  • Au Gabon il faut intégrer à cette estimation de l’étendue de l’ancien royaume Kongo, tous les territoires frontaliers avec la République du Congo et ceux du littoral de l’océan Atlantique. Car le pouvoir Kongo avait pour ambition le contrôle du littoral de l’océan Atlantique pour l’exploitation du sel marin et des coquillages “N’kodia” qui étaient sa monnaie (symbole repris sous forme d’escargot par l’alliance de Bakongo « Abako » fondée par Nzeza Nlandu en 1957, d’où est venu le premier président du Congo Kasa-Vubu et qui fut aussi à l’origine de l’indépendance du Congo en 1960.

Le pays appelé Kongo était le plus organisé de l’Afrique subsaharienne, car organisé géographiquement en entités administratives, dirigées par des chefs des clans et des terres validées par un pouvoir central basé à Mbanza-Kongo la capitale du pays. C’était un ensemble d’entités fédérées qui se soumettaient à l’autorité d’un pouvoir central. En l’occurrence, selon Raphaël Batsîkama, cette fédération rassemblait quatre entités politiques au xvie siècle : Zita-Dya-Nza, Kongo-Dya-Mpangala, Kongo-Dya-Mulaza et Kongo-Dya-Mpanza1. C’est à la suite de cette organisation que le premier explorateur Européen (un Portugais), avait appelé ce pays « royaume Kongo » en référence au royaume du Portugal.

Géographie du Royaume Kongo

Selon certains chroniqueurs européens, à l’époque du premier contact avec les Portugais, le royaume Kongo devait avoir une étendue de plus de 300 000 km2. Une grande partie du Sud-Ouest de la République démocratique du Congo, du Nord de l’Angola, du Sud de la République du Congo et une partie du Gaboncomposaient cet État.

Toutefois, les chroniqueurs européens ont fait beaucoup de confusions dans leurs estimations du territoire d’un pays dont ils ignoraient l’organisation administrative. C’est ainsi que certaines provinces qu’ils rencontrèrent loin de la capitale Mbanza-Kongo devinrent des « royaumes » à part entière sous leur plume. Il s’agit généralement des localités traversées par les voyageurs européens, depuis les ports de la côte atlantique, d’où ils débarquaient, jusqu’à la ville de résidence du Mwene Kongo située à 150 milles dans l’arrière-pays.

« Ainsi, pour tout le département, on comptait sept districts. Ce sont ces districts que les Européens ont pris, tantôt pour des royaumes, comme le Ngôyo, le Kakongo du Kôngo-dya-Mpânzu, tantôt pour des provinces, comme le Nsûndi, le Mbâmba et le Mpêmba du Zyta-Dya-Nza. »

Généralement, les chroniqueurs européens réduisent le territoire de Kongo aux seules dimensions de sa province capitale, Zita-Dya-Nza (le « nœud du monde »), dont le chef-lieu était précisément Mbanza-Kongo, où le Mwene recevait les ambassades étrangères. D’ailleurs, l’on sait désormais que l’Angola faisait partie de la fédération Kongo-Dyna-Nza, jusqu’à ce que Paul Diaz y arrive en 1574 et y organise une sécession.

« Bref, en nous fondant sur ces renseignements fournis par Duarte Lopez via Felippo Pigafetta, renseignements que semblent confirmer la Tradition, nous pouvons avancer que le royaume du Congo s’étendait entre la latitude 1 1/2° Nord et la latitude 22° Sud, du 24° de longitude Est à l’océan Atlantique. Il atteindrait une superficie dépassant les 2 500 000 km2  »

Mythe des origines dans le Royaume Kongo

Selon l’une des versions mythologiques de leur origine, rapportée par Raphaël Batsîkama, l’ancêtre primordial (Nkâka ya kisina) des baKongo serait une dame nommée Nzinga, fille de Nkuwu et épouse de Nimi. La société traditionnelle Kongo étant matriarcale, à l’instar de tant de sociétés africaines anciennes, on conçoit que son aïeul primitif fût nécessairement une femme, sinon réellement, au moins symboliquement.

Nzinga aurait eu trois enfants, deux garçons jumeaux et une fille, respectivement N’vita Nimi, Mpânzu a Nimi et Lukeni Lwa Nimi. Les quatre noms primordiaux de l’ancêtre et de ses enfants tiennent lieu également d’appellations pour les quatre luvila initiaux ; c’est-à-dire les lignages ancestraux des ba-Kongo.

  • Les frères et autres collatéraux de Nzinga à Nkuwu ont reçu la fonction de maître des terres ; c’est-à-dire qu’ils se sont spécialisés dans la manipulation des énergies telluriques, notamment en vue d’exécuter les opérations rituelles présidant aux implantations coloniales successives dans le bassin du fleuve Nzadi.
  • Vit’a Nimi était l’aîné des enfants Nzinga, on l’appelle également Ma-samba, ou encore Nsaku. Ses descendants sont les ki-Nsaku. À eux sont dévolues les fonctions de médiation aussi bien spirituelle que politique. D’ailleurs, selon Alain Anselin, « Samba signifie palabrer, argumenter en lingala4 ». D’où ma samba pour dire « maître de la palabre » : héraut, négociateur, diplomate, voire intercesseur auprès des ancêtres.
  • Mpânzu-a-Nimi était réputé intrépide, habile de ses mains et excellent agriculteur. C’était également un Ndamb’a Ngolo, c’est-à-dire un excellent mineur.
  • Lukeni se distinguait surtout par sa beauté et sa fécondité qui lui donna une nombreuse progéniture, dont elle aurait excellé dans l’éducation. D’où son surnom Mungoyo’a Ntende, c’est-à-dire « la belle aux mille chances ». Elle hérita aussi du nom de sa mère, Nzinga.

Les tuvila primitifs auraient occupé d’abord le territoire de Kongo-Dya-Mpangala sous l’autorité spirituelle et politique de Vit’a Nimi. Ils investirent progressivement cette région, une vaste plaine très ensoleillée et riche en minerais, traversée par le fleuve Kwânza (ou Nzadi = Zaïre). Ils y fondèrent diverses agglomérations, notamment Mpangala, Mazinga, Ngoyo, Mpemba, Lwangu, Nsundi, Mbinda, Mbembe, Mbamba, Mpangu.

Fondation du Royaume Kongo

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Le royaume Kongo se développa après plusieurs migrations bantoues du viie au xve siècle dans une zone peuplée de pygmées Baka. Ces groupes indépendants ont été unifiés sous la direction de l’un d’eux et organisés en royaume. Le pouvoir du roi kongo, le Manikongo, est d’abord de nature spirituelle, cette autorité lui étant assurée par des pouvoirs surnaturels et divinatoires lui donnant accès aux ancêtres. En principe, les rois étaient élus par les anciens parmi les membres éligibles des 12 clans Kongo.

Selon une source portugaise de 1624, Historia do reino do Congo, le royaume aurait été fondé au xiiie siècle.

L’empire Kongo était un État très développé, avec un large réseau commercial. À part les ressources naturelles et l’ivoire, le pays fondait et commerçait le cuivre, l’or, les vêtements de raphia et la poterie, disposait d’une monnaie et de finances publiques.

Mais surtout, il pratiquait l’agriculture, la chasse et l’élevage. Il était comme beaucoup d’autres peuples d’Afrique noire organisé en castes, mais avec une structure relativement souple. On pouvait par exemple apprendre un métier de son choix en intégrant l’une des grandes écoles du pays. Les plus connues sont les quatre plus prestigieuses, à savoir Kimpasi, Kinkimba, Buelo et Lemba. Ces écoles, toujours d’actualité  formaient l’élite Kongo. Si leur accès était relativement libre, toujours est-il qu’il s’agissait d’une longue initiation aux critères de sélection très stricts. Des « explorateurs » comme Bittremieux en conclurent à tort qu’il s’agissait de cultes secrets ou ésotériques. 

L’État du Kongo à la fin du xve siècle

Administration

Les fondateurs de Kongo ont conçu leur pays comme un grand cercle ayant quatre secteurs, et pourvu d’un gros noyau. Dans le sens contraire des aiguilles d’une montre, les secteurs sont :

  • Secteur 0 : la façade atlantique à l’ouest
  • Secteur 1 : Kongo-Dya-Mpangala au sud
  • Secteur 2 : Kongo-Dya-Mulaza à l’est
  • Secteur 3 : Kongo-Dya-Mpanza au nord

À part la mer, ces secteurs consistent en entités administratives qui sont respectivement ka-Mbamba (secteur 1), ki-Mpemba (secteur 2) et ka-Mbangu (secteur 3). Quant au noyau, appelé Zita-Dya-Nza (« nœud du monde »), il avait un statut administratif particulier en tant que province-capitale appelée également Mbanza-Kongo, du nom de la ville où résidait le Mwene, et que les Portugais renommèrent São Salvador. Littéralement, Mbânza (ou Ngânda) signifie chef-lieu ou capitale. En sorte que Mbanza-Kongo se traduit par « capitale de Kongo », tout comme Mbanza-Nsundi signifie « chef-lieu du Nsundi ».

Kambamba, Kimpemba, Kabangu et Mbanza-Kongo formaient une fédération politique nommée Kongo-Dyna-Nza, ou encore Kongo-Dia-Ntotila. Chacune de ces quatre entités comportait sept ki-Nkosi (subdivisions). Chaque Kinkosi comportait plusieurs ki-Mbuku, qui se composaient chacun de nombreux ki-Kayi, lesquels étaient constitués à leur tour de plusieurs ki-Fuku. La capitale de Kongo-Dya-Mpangala se nomme Mbânza Mbamba, celle de Kongo-Dya-Mulaza est Mbânza Mpemba et celle de Kongo-Dya-Mpenza s’appelle Mbânza Mbangu.

Ce modèle d’aménagement territorial va se multiplier au fil des siècles, de manière rhizomique, jusqu’à reproduire quasiment à l’identique sa toponymie dans les autres régions ultérieurement unifiées au foyer initial. Ce processus d’expansion territoriale du foyer Kongo aura une structure fondamentalement ternaire, à l’instar des trépieds d’un foyer :

« Les entités politico-administratives du royaume du Congo iront de triade en triade. Dans chaque triade, disposée toujours en position d’un homme couché dont la tête se trouve au nord, les descendants de Nzinga occuperont toujours le Sud, ceux de Nsaku le centre, et enfin ceux de Mpanzu le Nord. […] Ces régions ou territoires, selon qu’ils appartiennent aux Nzinga, aux Nsaku ou aux Mpanzu, portent une des dénominations suivantes :

  • a) Nzinga : Mbâmba, Ngôyo, Mazînga, Kinânga, Mbînda, (Kabînda), Mpângala (Kikyângala), etc. (Sud).
  • b) Nsaku : Mpêmba, Kakôngo, Mbata, Nsânda, Zômbo, Lêmba, Kiyaka, etc. (Centre)
  • c) Mpanzu : Mpangu, Nsundi, Vûngu, Lwângu, Nsôngo, Nsuku, Mpûmbu, Ndôngo, Dôndo, Yômbe, Kibângu, etc. (Nord)7. »

Cette originalité et cette complexité structurale de l’organisation du territoire du Kongo surprendront l’intelligence de nombreux étrangers européens, ce qui explique beaucoup d’imprécisions ou erreurs d’appréciation dans les chroniques d’époque, notamment celle de Filippo Pigafetta. Le pays avait une superficie d’environ 2 500 000 km2 au xvie siècle, soit la moitié de la superficie de toute l’Europe occidentale. On comprend que sa structure confédérale favorisa son dépeçage par les Européens après d’innombrables intrigues sécessionnistes au cours des siècles suivants. Ainsi naquit à partir du xviie siècle de cette vaste construction politico-administrative une myriade d’État-nations autonomes sous l’effet des bouleversements engendrés par l’économie négrière atlantique.

Organisation politique du Royaume Kongo

L’autorité politique suprême du Kongo-Dyna-Nza pouvait être nommée de diverses manières :

  • Ntinu : chef militaire ;
  • Mwene : celui qui pourvoit aux besoins du peuple ;
  • Mfumu : désigne quant à lui la notion de responsable au sens administratif comme au sens social.

À noter que « Mani » est l’expression la plus répandue dans la littérature occidentale mais ce ne serait qu’une traduction portugaise approximative de Mwene et non une quelconque autre titulature.

La fonction de Mwene est élective mais tout citoyen ne peut pas y prétendre car elle est aussi censitaire. On tient généralement le régime politique de Mwene pour une monarchie constitutionnelle. Toutefois, cette fonction n’est pas seulement politique. Elle est également sacerdotale ; comme un cas particulier du modèle africain dit de la « royauté sacrée », ou encore la « royauté divine ».

En principe, la succession à la tête du Kongo est matrilinéaire. En sorte qu’originellement, seuls les descendants de Lukeni Lwa Nzinga, la fille de l’ancêtre-mère primordiale, pouvaient prétendre au poste de Mwene. Les descendants de Vit’a Nimi ayant pour fonction de veiller au respect, entre autres, de cette loi de succession. Par conséquent, après avoir été élu par le Conseil des Sages, un Mwene ne peut être consacré que s’il subit une cérémonie rituelle organisée et présidée par le gardien des principes spirituels et politiques désigné nécessairement parmi la lignée des Nsaku.

C’est ainsi que le premier Mwene Kongo attesté dans les annales traditionnelles s’appelle Nimi’a Lukeni Lwa Nzinga, c’est-à-dire Nimi (du nom de son grand-père) fils de Lukeni et petit-fils de l’ancêtre-mère Nzinga Nkuwu. On voit que les fonctions de reine mère ou d’épouse royale sont particulièrement cruciales dans les sociétés matriarcales ; elles ne sont guère honorifiques comme cela peut être le cas ailleurs.

Le cabinet du Mwene comporte divers fonctionnaires, notamment :

  • Ma N’Kata, le préposé aux affaires militaires et à la guerre ;
  • “Né Tuma, le préposé aux armes et à la défense du Kongo ;
  • Mbênza Kongo, le préposé aux affaires de la Justice ;
  • Ne Mpûngi, chef de la musique du palais ;
  • Wavadidi Ntinu, le sculpteur attitré du Ntinu, c’est-à-dire du Mwene.

Cette configuration hiérarchique est reproduite aux échelons inférieurs de telle sorte que chacune des quatre grandes circonscriptions politiques possède ses préposés à la Défense, Justice, etc. tout comme les vingt-huit kinkosi comportent les leurs.

De façon générale, les préfixes Mwê ou Ne introduisent la notion d’autorité politique et/ou administrative ; c’est-à-dire celle de « chef », « roi », « maître », etc.

Ainsi le :

  • Ne-Nkosi est le « roi » d’un ki-Nkosi ;
  • Mwê-Mbuku est l’autorité qui administre un ki-Mbuku ;
  • Nâ-Kayi est le « chef » d’un ki-Kayi ;
  • Mâ-Fuku (ou « Mafouc » dans les chroniques européennes) dirige un ki-Fuku, c’est-à-dire le plus bas échelon administratif de la Fédération Kongo-Dia-Ntotila.

En outre, la personne exerçant l’autorité d’une entité politico-administrative est souvent désignée par le lieu-dit de sa fonction, plutôt que par son propre patronyme. Ainsi le Mâ-Nkosi du Nsundi peut être appelé Ma-Nsundi par ses administrés (ou Mâ-Mbamba pour le Mbamba, Ma-Lwangu pour le Lwangu). De même qu’on appelle l’autorité suprême Mwene Kongo (« Mani Kongo » des chroniques européennes) au lieu d’indiquer son nom propre ; par exemple, Mvemba a Nzinga.

Monnaie du Royaume Kongo

Les coquillages Olivancillaria nana appelés nzimbu, étaient utilisés comme monnaie9. Leur production venait d’une pêcherie féminine de l’île de Luanda dont la maison du Manikongo avait l’exclusivité. Les nzimbus étaient calibrés au tamis de façon à constituer des paniers de valeurs, le funda soit mille unités les plus petites, le lukufu valant mille fundas, l’imbonde valant mille lukufus10. Le cours du funda était donc de 13,33 francs. Les zimpos ont été peu à peu supplantés par les cauries11 importés du Zanguebar.

Histoire

L’arrivée des Portugais et la conversion au christianisme​

Au cours de ses voyages le long de la côte africaine dans les années 1480, le navigateur portugais Diogo Cão fut le premier Européen à évoquer un grand empire qui contrôlait le commerce dans la région. Cao remonta le fleuve Nzadi ou Zaïre qui était selon lui la voie d’accès vers le royaume du prêtre Jean. En 1483, il rendit visite à Ntinu Nzinga Nkuwu dans sa capitale, Mbanza-Kongo. Le royaume Kongo était alors à son apogée grâce à la production d’ignames et d’échange de houes et d’armes contre de l’ivoire avec les populations de l’intérieur de l’Angola. Le premier contact fut pacifique et certains dignitaires furent emmenés (ou capturés par surprise selon les sources) au Portugal. Des échanges diplomatiques et commerciaux croissants s’ensuivirent. Grâce à l’aide des arquebusiers portugais, Nzinga Nkuwu put vaincre les Tékés et s’emparer de leurs gisements de cuivre.

Des missionnaires catholiques arrivèrent dans la région en 1490, l’année suivante, Nzinga Nkuwu fut baptisé et prit le nom de Ndo Nzuawu (prononciation kongo de Dom João), imité par la famille royale et les proches du pouvoir. À sa mort, les anciens désignèrent un de ses enfants non chrétien, Mpanzu, pour lui succéder mais son fils aîné, Mvemba-a-Nzinga, baptisé Alfonso ou Ndo Funsu vers 1491, le renversa en 1509 et devint « par la Grâce de Dieu » le septième « roi du Congo, de Loango, de Kakongo et de Ngoyo, sur et sous le Zaïre, seigneur d’Ambundo et d’Aquisimanb 1, de Musunu, de Matamba, de Mulili, de Musuku et des Anziques, de la Conquête, de Pangu Alumbu, etc. ». Il reçut à cette occasion du roi du Portugal des armes et une bannière d’argent à la croix de saint André de gueules alésée.

Voyant dans le christianisme un moyen de moderniser son pays, il encouragea les baptêmes et l’éducation et accueillit des jésuites qui ouvrirent une école pour 600 élèves. Il envoya son fils Lukeni Lua Nzinga au Portugal qui devint plus tard le premier évêque africain de l’histoire de l’Église catholique moderne sous le nom de Henrique. La capitale du pays fut reconstruite en pierre et renommée São Salvador (Saint-Sauveur). L’alliance et la présence portugaise se renforcèrent jusqu’à devenir domination.

Le commerce esclavagiste et le déclin du Manikongo

Avec la découverte et l’exploitation du Brésil, les Portugais se tournent vers la très lucrative traite des Noirs. La traite affaiblit le royaume, les marchands portugais traitaient directement avec les vassaux du roi et sapaient ainsi le pouvoir central. En 1526, le Manikongo écrivit au roi Jean III de Portugal, lui demandant de mettre fin à cette pratique. Sa requête reçut une réponse cynique et les relations entre les deux pays s’envenimèrent. À sa mort, en 1548, Ndo Nzuawu était déconsidéré. Le royaume s’affaiblit de plus en plus jusqu’à se disloquer et attirer les convoitises de ses voisins.

La traite négrière et les conflits qu’elle entraîna dépeuplèrent toute la région et les densités de population de l’époque, qui étaient de 35 hab/km2 chutèrent dramatiquement à 5 hab/km2 au début du xixe siècle.

La domination portugaise et la fin du Royaume Kongo

En 1568, le Kongo fut envahi par les Yakas et sa capitale Mbanza-Kongo détruite. Le roi Alvaro Ier dut demander de l’aide à Sébastien Ier de Portugal qui le rétablit en 1571, la suprématie portugaise devenant alors totale.

En 1665, les colons portugais d’Angola montèrent une expédition contre le royaume pour s’emparer de ses mines. Signe d’un brassage de deux siècles, des Portugais servirent le Manikongo Antonio Ier du Kongo et des Kongo furent alliés aux colons5. Les Portugais furent victorieux, le Manikongo décapité et sa tête enterrée dans une chapelle située sur la baie de Luanda au cours d’une cérémonie religieuse, tandis que la couronne et le sceptre du Kongo étaient envoyés à Lisbonne comme trophée. Le métis Manuel Roboredo, auteur et prêtre capucin métis qui avait essayé d’empêcher cette dernière bataille, trouva également la mort.

Cependant, le royaume Kongo continua d’exister comme un État fantoche durant deux siècles. Des luttes persistèrent jusqu’aux indépendances, comme celle de la reine Ana Nzinga qui tint en échec les coalitions portugaise, néerlandaise et britannique de 1626 à 1648 et freina l’expansion du commerce des esclaves. Ces sursauts nationalistes prirent parfois une forme religieuse comme lors de la croisade de la prophétesse Ndona Kimpa Vita à qui saint Antoine de Padoue aurait ordonné d’unifier et libérer les Kongo. Elle fut condamnée au bûcher en 1706 par le Manikongo à la demande des Portugais15.

À la conférence de Berlin en 1884-1885, les puissances européennes se partagèrent l’Afrique ; le Portugal, s’appuyant sur des traités antérieurs signés avec l’empire Kongo, revendiqua une souveraineté sur ses territoires. Léopold II de Belgique reçut, à titre personnel, deux millions et demi de kilomètres carrés qui sont devenus l’État indépendant du Congo. Au nord-ouest de l’État ainsi formé, 500 000 km2 revinrent à la France (il s’agit du Congo-Brazzaville). En 1914, après une révolte, le Portugal abolit le titre de roi du Kongo.

Arts dans le Royaume Kongo

Le royaume Kongo a connu des formes originales d’art sacré, se traduisant notamment par la production de crucifix (et d’autres figures religieuses) en laiton.

Références 

  1.  Raphaël Batsîkama ba Mampuya ma Ndâwla, L’ancien royaume du Congo et les baKongo, éd. L’Harmattan, Paris, 1999.
  2.  Et le royaume de Loango comme le royaume de Makoko fut depuis le royaume du Kongo des vrais royaumes avec des vrais roi et non des départements de ce dernier – Batsîkama, op. cit., p. 217.
  3.  Batsîkama, op. cit., p. 171.
  4.  Alain Anselin, Samba, éd. UNIRAG, 1992, p. 5.
  5. ↑ ab et c Isidore Ndaywel È Nziem, Nouvelle histoire du Congo, Le Cri, 2009.
  6.  Anonyme, Histoire du royaume du Congo, 1624, traduit et éd. par François Bontick dans Études d’Histoire africaine, IV, 1972.
  7.  Batsîkama, op. cit., p. ???
  8.  Nathalis Lembe Masiala, Quelques éléments de l’oralité dans la palabre Kinzonzi, en pays Kongo (RDC), Éditions Publibook, p. 37.
  9.  E. Dartevelle, Les « Nzimbu », Monnaie du Royaume du Congo, Bruxelles, 1953.
  10.  R. Batsikama, Voici les Jagas ou l’histoire d’un peuple parricide malgré lui, p. 259, ONRD, Kinshasa, 1971.
  11.  E. Dartevelle, Les « Nzimbu », Monnaie du Royaume du Congo, p. 57-58, Bruxelles, 1953.
  12.  Jean Seillier, Atlas des peuples d’Afrique, La Découverte, 2003, p. 142.
  13.  G. BalandierLa vie quotidienne au royaume de Kongo du xvie au xviiie siècles, p. 15, HachetteParis, 1965.
  14.  Marie-France Cros et François Misser, Le Congo de A à Z, André Versaille, 2010, p. 122.
  15.  Marie-France Cros, op. cit., p. 123.

L’histoire du peuple Kongo à travers ses rois

PREAMBULE

Le nom : selon le dictionnaire encyclopédique Universalis, « un empire est un ensemble de territoires dirigé par un empereur et, par extension, tout grand État multi-ethnique dont le pouvoir est centralisé et accessible à une partie seulement de la population« . Le Kongo est logiquement plus un empire qu’un royaume, car ce dernier vocable n’intègre pas la dimension de multi-territorialité. Si nous avons choisi ici de désigner ce pays par « royaume », comme cela s’est répandu, nous ne taisons toutefois pas la revendication de rebaptiser cette entité de façon plus conforme à sa réalité, c’est à dire, Empire du Kongo.

L’écriture : Les mots et noms autochtones sont écrits selon l’alphabet Lingala (voir Dzokanga, Le dictionnaire du lingala). Il faut lire par exemple gi pour guiu pour ou, ou encore e pour é. Les pluriels français sont exclus, pour respecter la pureté du mot qui dans certains cas se déclinera avec son pluriel en kongo (exemple: « bakongo » au lieu de « kongos« ), mais aussi pour permettre un référencement plus facile sur internet. Kongo s’écrira « koongo » lorsqu’il s’agit d’un adjectif.

LES ROIS DU KONGO

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ROIS LEGENDAIRES

vers 350 Nsasukulu a Nkanda (prophète)

vers 420 Kodi Puanga (prophète)

vers 520-530 Tuti dia Tiya (prophète)

NB: Ces rois légendaires sont sans doute des guides ayant conduit les peuples pré-kongos, voire pré-bantous (ou protobantous) durant le long exil à la recherche d’une patrie agréable. Les légendes attribuent à beaucoup d’entre eux des pouvoirs surnaturels invraisemblables.

ROIS SEMI-LEGENDAIRES (A partir de 690 à 1370

Nimi ya Lukeni, le Père Fondateur.

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 Lukeni lwa Nimi

Dans le petit Etat de Mpemba, situé au sud de Matadi, une dynastie de princes se construit le long de la vallée du Kwilu (ou Kouilou, écriture la plus répandue de nos jours). Le cimetière sacré à Nsi Kwilu*, la capitale de Mpemba, où furent enterrés ces monarques, est resté un haut lieu saint koongo jusqu’au XVII ème siècle. Vers le VIIè siècle un prince de Mpemba (Nimi) conclu une alliance avec le Prince (Nsakulu?) de la principauté voisine de Mbata de l’autre côté du fleuve Kwilu, pour s’unir et se sécuriser contre leurs ennemis communs, c’est à dire les peuples sauvages du sud, les Kabunga (ou kahunga) qui vivent sur la montagne de Mwene Mpangala au sud, à partir de laquelle ils attaquent les villages de Mbata et Mpemba en vue de les piller. Les princes des deux terres civilisées (pratiquant l’agriculture, l’élevage, la forge etc.) s’entendent pour assurer leur succession l’un dans la lignée de l’autre. Au bout de quelques générations, les princes décident de sceller un mariage entre leur deux lignées. Le 3è descendant régnant en sera Nimi ya Lukeni.

Une fois au pouvoir, Nimi poursuit l’expansion de son royaume. Il conquiert le sud et soumet Mwene Mpangala à son autorité. Pour y marquer la pleine intégration des kahunga conquis, il implantera sa capitale sur la montagne chère aux Mpangala. Et, afin de lever toute ambiguïté, débaptise Mwene Mpangala en « Moongo Koongo », la montagne « des rives unies »* et la capitale tout au dessus s’appellera Mbanza Kongo qui signifie, le siège du l’union, de la fédération ou simplement du le siège du pays.

Sous son règne, plusieurs petits Etats ou groupuscules autonomes tomberont sous l’escarcelle Koongo. Contrairement à l’esprit d’union des autonomies qui a prévalu à la création de ce pays, Nimi mettra en place une administration ultra centralisée, laissant aux chefs de provinces conquis, adhérents volontaires ou nommés, le pompeux titre de Mwene (« mani » est la traduction portugaise) qu’il porte lui-même, mais en réalité, sans en leur laisser le moindre pouvoir. Des sous administrateurs seront nommés pour trois ans avec pour rôle de circuler régulièrement à travers le royaume, pour collecter l’impôt, rendre la justice, transmettre des directives, entretenir des relations avec les voisins du royaume et renseigner le roi. Il a jeté les premières bases du pays.

*Toutefois, son côté légendaire vient du fait que plusieurs des actions qui lui sont prêtées ont été accomplies en une période trop longue pour que ce soit le fait d’un seul. Plusieurs rois se sont sans doute succédés durant des générations pour accomplir cette oeuvre. Mais la mémoire collective n’a retenu que le plus grand d’entre eux, Nimi le Grand. Il n’est pas impossible non plus, vu les similitudes mythologiques, que Nimi ne soit autre autre Narmer, premier roi de Kama, l’Egypte antique, dont l’image de « père fondateur de civilisations » a traversé les ages. Sans doute, les rois suivants ont été parmi les bâtisseurs des structures de ce royaume:

  • Muabi Mayidi
  • Zananga Mowa
  • Ngongo Masaki
  • Mbala Lukeni
  • Kalunga Pun
  • Nzinga Sengele
  • Nkanga Malunda
  • Ngoyi Malanda
  • Nkulu Kiangala
  • Ngunu Kisama.

*Nota: Koongo signifie aussi « rive ». On peut évoquer d’autres hypothèses. En effet, Kongo peut se saisir aussi par « union fédérale » car constitué de trois parties, ou « trois rives ». Et pourquoi pas, le peuple de la panthère « Ba-nkua-Ngo« , puisqu’il est avéré que cet animal est l’emblème du roi. Ka-Kongo est le nom d’une étoile à qui plusieurs légendes koongo prêtent d’avoir été le berceau de ce peuple, avant d’être déchu du monde des dieux et d’échouer sur terre. Or Ka-kongo a été une province qui recouvrait celle de Mbata, berceau légendaire des Kongo, plus que Mpemba. Les ba-zoulous (qui signifie « peuple du ciel ») sous groupe Koongo aujourd’hui habitant majoritairement l’Afrique du sud s’en revendiquent plus que tous les autres. Toutes ces pistes qui ont leurs adeptes sont plus ou moins plausibles et rien n’exclut de les associer toutes pour se reprocher de la vérité conceptuelle de ce mot. L’approche politique du mot « Koongo » n’est pleinement traductible qu’en allemand, par « bund« , utilisé tantôt comme « union », tantôt rendu par « fédération » ou encore « national »; il concentre la même complexité. Surtout lorsqu’on sait qu’en langue Koongo, bundu signifie justement l’union, l’assemblée, le regroupement. Le Bundu dia Kongo mouvement politico-religieux fondé en RDC par Ne Muanda N’semi en 1969 pour ressusciter le royaume du Kongo utilise le même mot « Bundu », qu’il traduit par « royaume ».

*Nsi Kwilu: de « nsi » = pays, et kwela = alliance, ce qui donne « la terre de l’alliance ».

ROIS REELS (Vers 1370),

  • Nganga Makaba
  • Nkanga Nimi
  • NKuvu Mutinu. On sait peu de chose sur lui, sauf qu’il a accepté d’être roi après que ses deux cousins se soient désistés. On lui prête d’être le père de Nzinga Nkuvu.

Jean Ier, Nzinga a Nkuvu avant 1482-1505 (ou 1507),

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Portrait de Jean Ier Nzinga Nkuvu.

En portugais, João ou Dom João, d’où il est aussi appelé en koongo « Ndo Nzuawu » par intégration linguistique.

Gouverneur de la province septentrionale de Nsundi et de Nzaza Vumbi (connu sous le nom de « Plateaux batéké » aujourd’hui), il s’était forgé une grande expérience militaire, en luttant sans cesse contre les nziku (anzique en français, aujourd’hui appelés tékés. Nziku signifie « invité » en kongo). Cela lui permit d’arriver au pouvoir par coup d’Etat quand l’occasion se présenta.

Son règne allait connaitre des bouleversements inédits. En effet, c’est à son époque que l’explorateur portugais Diogo Cão (plus correcte que « Diego » qui s’est répandu, et pour le nom, Cao, lire « con« ) arrive à l’embouchure du fleuve Congo en 1482. Il rencontre le roi à Mbanza Kongo et y réside une année. Après ce premier contact, le portugais repart laissant quelques soldats sur place et emportant avec lui des membres de la famille royale koongo. Il les place dans des couvents au Portugal où ils vont étudier la langue portugaise, le latin, les maths, les sciences physiques et la théologie durant près de 8ans. En 1491 il les ramène au Kongo en s’accompagnant de prêtres et de divers artisans. Le roi et sa famille acceptèrent le baptême le 3 mai 1491, se baptisant Jean pour le roi, en hommage à son homologue portugais, Eléonor son épouse et Alphonse (Afonso en portugais) pour son fils.

Deux ans plus tard, il refuse de gouverner son pays selon les principes de la Bible qui lui est expliquée. Pour des raisons politiques, notamment au sujet de l’interdiction de la polygamie. En effet, sa couronne tenait d’un certain nombre d’alliances conclues avec des princes intérieurs et alentours qui lui donnèrent soeurs et filles en épouses à lui et à sa cour, de sorte que les descendants matrilinéaires régnassent. Y renoncer serait dissoudre tous les fondements du royaume.  Divisant les notables entre progressistes chrétiens et conservateurs koongo, il mourra sans avoir résolu la question.

Le plus progressiste fut son fils Mbemba dit Afonso, tandis que l’aile des conservateurs était mené par son neveu (fils de sa soeur et héritier potentiel), Mpanza qui jouissait du soutien de la plupart des notables et même du peuple. Nzinga Nkuvu Ndo Ndzuau Jean Ier repoussa en le nommant gouverneur de Nsundi. Ce dernier s’y retira avec la plupart des missionnaires portugais, ainsi que des nobles locaux du camp des progressistes.

Le roi Jean profitera des armes portugaises pour infliger une ultime correction aux tékés qui lui avaient donné tant de fil à retordre. Muni de ces outils, il allait agrandir considérablement le royaume sur une ligne allant de Kinkala à Vinza en passant par Madigou-Kayes, soumettant plus fermement les kakongo (au sein desquels les loango), les ngoyo, les Yombé restés quasi sauvages et les Mpumbu à l’est (actuel Kinshasa), jusqu’au désert du Kalahari, les différentes Cités-Etats dont la plus puissante Ndongo, lui était déjà soumise. Il avait une telle autorité et un tel rayonnement dans son royaume et autour de lui, que Diogo Cão ne cessa d’en faire l’éloge parfois surréaliste à la cour du roi du Portugal.

A lire aussi :

Les Bayombe (Peuple de deux Congo et d’Angola)

Alphonse ou Afonso Ier, Mbemba ya Nzinga (1505-1543).

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Comme son père, il fut nommé gouverneur de la province de Nsundi. Cette province qui enjambait le fleuve Congo au nord est du royaume (actuel sud des régions de la Bouenza et du Pool) avait une signification particulière: elle était le lieu d’origine de la ligné du roi, à tel point qu’elle était considéré comme la propriété personnelle et privée de la famille du roi; aussi, c’est de Nsundi et des voisins téké, que venait l’essentiel du fer utilisé dans le royaume. Avec le fer on forge des armes, avec les armes on fait la force du pays. D’ailleurs le métier de la famille royale était celui de Ngangula, en français forgeron. Donc une province stratégique. L’habitude faisait que le futur roi devait y avoir fait ses preuves. La simple nomination comme gouverneur de Nsundi signifiait déjà, successeur désigné du roi!    Sans compter la réputation de ses femmes et de ses guerriers, excellents athlètes dont beaucoup faisaient la garde rapprochée du Mwene Kongo.

A la mort du roi Jean Ier Nzinga Nkuvu, la mère d’Alphonse craignant que Mpanza et les conservateurs (restés majoritaire à Mbanza Kongo)  ne prennent le trône, dissimula le décès le temps d’avertir son fils. Si bien que lorsque la nouvelle fut officiellement annoncée, Mbemba était déjà aux portes de la capitale avec l’ensemble de ses troupes, les plus nombreuses et les plus expérimentées du royaume à l’époque. Il fut élu roi malgré les protestations de son frère Mpanzu et grâce aux armes des portugais qui soutenaient le progressiste qu’ils voyaient en lui. Une fois roi, Mbemba gouverna avec des prêtres portugais qui le radicalisèrent dans sa foi et dans l’occidentalisation du pays. Son cousin maternel Mpanza, opposé à la christianisation, leva une armée pour prendre le pouvoir avec le soutien de tous les conservateurs anti-occidentalisation alors majoritaires. Lors de la bataille qui s’ensuivit entre les troupes des deux frères, Mpanzu fut vaincu, parait-il grâce à l’apparition de Saint-Jacques-le-Majeur dans le ciel, venu au secours de Mbemba qui l’avait invoqué en prière. Ce qui mit les armées de Mpanzu en débâcle. Afonso Ier MBemba Nzinga immortalisera cet évènement par un blason que les rois du Kongo utiliseront pendant 3 siècles au cours des guerres, jusqu’en 1860.

Outre le fait que c’est sous son règne que les portugais commencèrent l’esclavage (sur des voisins, ennemis du Kongo ou prétendus sauvages) son règne fut celui d’un érudit. On dit qu’il lisait tous les jours jusqu’à épuisement. Il créa dès 1509 une grande école à Mbanza Kongo, l’Ecole royale, avec 400 étudiants triés parmi les nobles et qui dès 1516 comptait plus de 1000 étudiants. On y apprenait les lettres, les mathématiques, et la théologie. Plus tard elle aura un rôle plus universitaire, cédant à d’autres écoles moyennes implantées dans les provinces le rôle de la formation de base. Une de ses soeurs ouvre à la même époque une école pour les filles. Une autre partie de l’élite (quelques dizaines d’individus) est formée au Portugal. Son fils, Henrique (Henri en français), alla étudier dans un séminaire au Portugal dès 1508, fut prêtre puis élevé évêque d’Utique (Tunisie, près de Bizerte) le 5 mai 1518. Il regagna le Kongo en 1520 ou il fut nommé gouverneur de Mpangu tout en exerçant sa charge ecclésiastique jusqu’à sa mort en 1531. Un autre, neveu du roi, étudia à Lisbonne et y fut professeur des humanités (particulièrement en linguistique et philosophie kongo).

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Poste de missionnaires en pays Kongo, Probablement peint par un kongo autochtone en 1740 (Turin, Bibliothèque civique. ).

Il est le premier roi africain reconnu par une nation européenne et par le pape d’où il eut le droit d’avoir son propre ambassadeur auprès de ce dernier. Il construisit des églises, modernisa son administration fiscale et tenta de créer des manufactures locales. On connait les moindres détails du règne de Mbemba ya Nzinga Afonso 1er, grâce aux très nombreuses et longues lettres qu’il envoyait au roi du Portugal pour expliquer ses besoins, mais aussi se plaindre du comportement de nombreux fonctionnaires portugais. Ces lettres témoignent de la croissance des appétits portugais sur son royaume, et aussi de sa propre boulimie du développement par les produits européens, qui a favorisé la dépendance de son pays et de la sous-région à l’esclavage. C’était la seule monnaie d’échange qui intéressait les portugais. Lorsqu’il se plaint de la dépopulation et du fait que les portugais enlèvent des enfants purs kongos et des fils de nobles issus de ses vassaux (le mot vassal se dit « protégé » en koongo), il est trop tard. Il se bat pour organiser et règlementer chaque activité des portugais, mais il ne tient que difficilement, ceux ci s’étant bien implanté sur l’île de Sao Tome et commencèrent même à prendre racine au sud du royaume, l’Angola. En 1539 Afonso subit un attentat qui tua deux notables. Les coupables sont portugais. Il meurt en 1543.

Pierre (Pedro) Ier, Nkanga Mbemba (1543-1545).

Fils d’Alphonse 1er il fut immédiatement contesté. D’abord parce que la succession filiale introduite par son père selon les habitudes portugaises n’était pas coutumière au Kongo, et aussi parce que le pays était divisé entre les conservateurs et les modernistes, chrétiens et ancestraux, pro-portugais et xénophobes, en y ajoutant le fait que certains notables étaient anti-chrétiens, mais commerçant aisément avec les portugais, tout en s’opposant à l’esclavage…! Pierre, pro portugais, fut vaincu par ses rivaux, qui le renversèrent en 1545, il n’eût la vie sauve qu’en se réfugiant dans une église. Subterfuge intelligent, sachant que son principal rival, qui n’est autre que son neveu Jacques (fils de sa soeur) qui se prétend chrétien – mais ce dont il ne croit pas – n’oserait pas venir profaner une église pour l’y déloger. Son frère François assura une courte régence, pour retenir les ardeurs de Jacques (Diogo, chrétien mais anti portugais). Pierre, pu quitter discrètement Mbanza Kongo et s’enfuit vers Sao Tome. De là il tenta d’organiser plusieurs coups d’Etat avec l’aide des portugais pour reprendre le pouvoir, appelant jusqu’au soutien du roi du Portugal et du Saint-Siège dans plusieurs courriers.

François Ier. Régent.

Jacques Ier, Nkumbi Mpudi ya Nzinga (1545-1561).

Diogo en portugais. Chrétien opportuniste, il veut utiliser l’église pour servir ses ambitions commerciales, et pas pour convertir la mentalité de son peuple. Comme le fit son arrière grand père Nzinga Nkuvu.  Mais son règne fut marqué principalement par son souci de conserver le pouvoir. Il envoya un ambassadeur extraordinaire auprès du pape (menée par un créole, Diogo Gomes, né et ordonné prêtre à Mbanza Kongo) pour solliciter l’envoie de « nouveaux missionnaires de bonnes moeurs« , selon ses termes, mais en revanche exige que le port de Mpinda dans la province de Soyo reprenne son rôle de  port unique sur la côte Kongo. Il reçut des missionnaires, mais en expulsa aussi beaucoup, même l’évêque de Sao Tome. Sous son règne, l’église catholique est à peine toléré, et chaque construction d’église ou enseignement d’école, donne droit à une marchandage serré avec le roi qui impose en retour un avantage commercial pour son pays. En 1555 à la suite d’une querelle avec des marchands Kongo, il expulse quasiment tous les européens de Mbanza Kongo. C’est dans cette quasi clandestinité que le catéchisme est rédigé en Kikongo en 1557 par des franciscains, ce qui en fait le premier ouvrage connu publié dans une langue bantoue.

Les portugais essayèrent longtemps de remettre sur le trône son oncle Pierre. Mais Jacques déjoua tous leurs plans et réseaux de soutien. Le roi mourut le 4 novembre 1561.

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Dames de la cour
Alphonse II Mbemba ya Nzinga (1561).

On sait peu de chose sur lui. Selon les légendes, il serait le fils illégitime de la soeur de Jacques Ier, voire le fruit incestueux entre celle-ci et son frère le roi Jacques qui par souci ultrasécuritaire craignait jusqu’à être empoisonné par une femme s’il introduisait une étrangère dans son intimité. D’où le fantasme de lui prêter une relation incestueuse avec sa soeur, de laquelle serait né Alphonse II.

Aussitôt le roi Jacques mort, Alphonse s’autoproclama successeur, mais les notables refusèrent de l’introniser parce que pion des portugais et soupçonné de la mort de Jacques. Après des semaines de palabres sans issue, les portugais décidèrent de l’introniser eux-mêmes, dans l’église. Puisque le pays vivait une véritable dualité de culture, entre la kongo et l’européenne, avec des partisans de part et d’autres, cela pouvait passer. Mais le peuple se souleva et massacra de nombreux européens, et Alphonse II périt dans les émeutes.

Bernard Ier (1561-1566)

Son lignage n’est pas certain. Son règne fut troublé par le chaos causé par la traite négrière mais aussi des yaka (souvent mentionnés par Jaga dans les livres d’histoire à cause de l’inscription hollandaise qui prend J pour I), peuplades peu organisées que les koongo allaient razzier pour les livrer en esclavage auprès des portugais, et qui réussirent à résister plusieurs fois, voir à mener des contre-offensives dévastatrices. Le roi lui-même s’obligea à conduire ses armées vers eux pour une bataille qui promettait un butin riche en « bois d’ébène » (esclaves). Il fut tué durant les combats. Après sa mort, les Yaka réussirent  à détruire une bonne partie orientale du royaume par des pillages à répétition et des incendies.

Henri Ier (1566-1567)

Henrique en portugais. Comme son prédécesseur, il fut tué au combat en allant guerroyer, cette fois-ci contre les téké du royaume d’Anziko (à l’est). Il avait laissé son fils adoptif comme régent.

CLASSES PAR KANDA (Dynastie ou clan)
A cette période, pour éviter l’arrivée au pouvoir des personnages aux lignages flous, la société koongo connait une restructuration profonde des lignages, des clans, de la noblesse et du mode de fonctionnement qui se rapproche de celui du moyen âge européen et de la féodalité.

Kanda dia KWILU Alvare Ier, Nimi Lukeni lua Mbemba (1568-1587) LE ROI LION

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Blason monarchique d’Alvaro Ier

De père inconnu, sa mère était la seconde fille d’Alphonse Ier, qui épousa son cousin Henri Ier. Régent de son père adoptif, Alvare 1er fut élu par les grands électeurs du royaume pour succéder à Henri une année plus tard. Mais peu après, à cause des invasions Yaka qui dévastèrent la capitale et à la brûlèrent, il abandonna le rocher pour se réfugier sur une île du fleuve Kongo avec plusieurs nobles. A partir de là, il demanda l’aide du roi du Portugal  (Sébastien) pour revenir au pouvoir. Ce dernier lui envoya 600 soldats depuis São Tome où il tenait une prospère comptoir d’esclaves, sous les ordres de Francisco Gouveia Sottomaior. Le Portugal donna à ce dernier l’instruction d’aider le prince déchu mais aussi d’obtenir  sa vassalité avant de le réinstaller au pouvoir.

Alvare signa l’accord de vassalité. Sottomaior le conduit d’abord à Luanda ou des troupes kongo réunis par les portugais l’attendaient. A cette époque, Luanda n’est pas inclus dans le royaume du Kongo, et les portugais en ont fait leur base principale sur cette partie du continent. Une fois à Luanda, Alvare fit assassiner Sottomaior, avant de regagner seul Mbanza  Kongo avec ses troupes. Le Portugal ne crût pas à une mort accidentelle de Sottomaior et encore moins à la ruse d’Alvare qui consistait à nier avoir jamais entendu parler d’un accord de vassalité, et surtout pas de l’avoir signé. Le Portugal n’y cru pas un mot, et menaça directement Alvare. Ce dernier, ayant refait ces forces et repris Mbanza Kongo, monta une armée assez impressionnante qui dissuada le Portugal de toucher à sa souveraineté.

Dans un premier temps, le Portugal décida alors de créer officiellement la colonie d’Angola, pays au sud du royaume du Kongo, afin d’enraciner sa présence et de ne plus dépendre des structures administratives et humaines de Mbanza Kongo. Son premier gouverneur fut Dias de Novais. Pour montrer sa bonne foi et son désir de coopérer pleinement avec le Portugal sous cette nouvelle organisation dont Alvare trouvait l’avantage de ne plus voir sa souveraineté inquiété, le roi kongo porta souvent main forte au Portugal a pour combattre des roitelets voisins et assoir leur puissance, élargissant Luanda pour voir créer l’Angola. En somme, pour garder son trône, Alvare fit perdre beaucoup de couronnes à ses voisins. Un certain roi Ndongo lui posa beaucoup de fil à retordre, et plusieurs kongos moururent en combattant ses troupes.

Alvare premier poursuivit l’oeuvre d’européaniser le Kongo, et en fit plus qu’aucun roi ne l’avait fait avant lui. Flatteur zélé, c’est lui qui rebaptisa Mbanza Kongo en San Salvador (Saint Sauveur, une des appellations catholiques de Jésus, et aussi nom de la cathédrale de Mbanza Kongo, construite en 1517 par Afonso 1erMbemba Nzinga) afin d’obtenir les grâces du pape qui devait tenir le Portugal en laisse et lui offrir les moyens de son développeement.

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Ruine de la cathédrale San Salvaror à Mbanza Kongo, de nos jours. Sera classé patrimoine mondial de l’UNESCO en 2010.

Finalement, les portugais avaient plus gagné en le gardant souverain, que s’ils avaient envahi le Kongo juste à la réinstallation du roi après l’exil, comme il était prévu. Alvare envoya un premier ambassadeur qui mourut en mer, avant de recruter un second, portugais cette fois ci qui devait porter un message de la plus haute importance à Rome chez le pape.  Ce dernier, appelé Duarte Lopès, arriva fort tard, et Alvare Ier mourut avant d’avoir reçu la réponse. Toutefois, c’est Duarte Lopès qui raconta tout ce qu’il savait du royaume, de son histoire et de ces voisins, à Pigaffeta, qui le compila pour rédiger son célèbre Relazione del reame di Congo le plus célèbre livre sur le royaume du Kongo, publié en  1591.  Alvare Ier fut un grand roi, extrêmement zélé et diplomate, travailleur et cultivé. Son message au pape était qu’il souhaitait placer le Kongo, directement sous l’autorité du pape. Parce qu’il sentait que le Portugal lui serait difficile à vaincre, ou à empêcher de grignoter toujours un peu plus sur sa souveraineté.

Alvare II, Nkanga Nimi (1587-1614).

Fils du précédent. Il monta au trône après une bagarre physique et directe avec son frère qu’il vainquit. En effet, les deux parties ayant des armées, décidèrent de ne pas faire couler le sang du peuple qu’ils désiraient tant diriger. Ils sortirent de San Salvador pour un chevaleresque corps à corps, en ayant prévenu les habitants de la capitale que le premier à revenir sera votre roi. Ce fut Alvare II. Entre 1590 et 1591 il fera face à une guerre civile  à l’intérieur du royaume, assez dévastatrice mais encore mal connue. par les historiens. Hélas, car plusieurs princes gouverneurs et nobles du royaume commenceront à partir de cette guerre à réclamer des parts plus importantes d’autonomie. Pour calmer le jeu, il dut accepter virtuellement l’indépendance de la province de Soyo.

S’il est avéré qu’Alvare II commença son reigne avec le soutien des portugais dont son père calma les relations, c’est aussi très vite qu’il joua la diplomatie de son père: faire semblant d’être l’allié des portugais, et rechercher dans le même temps, des partenaires divers en Europe, notamment le pape.  Il réussit dans cette diplomatie à faire de San Salvador un évêché, obtint de nombreux prêtres-ouvriers en plus, et même d’envoyer une ambassade kongo permanente au Vatican, en la personne de Antonio Manuel ne Vunda, conseiller du roi en matière religieuse, grand ordonnateur et grand prêtre du royaume. Sa lettre de mission auprès du Pape Paul V est sans ambiguïté: Alvare II réclame les mêmes privilèges que les autres rois chrétiens du monde. Demande que l’évêque du Kongo reste dans les limites de son autorité. Exige que l’évêque ne soit pas portugais parce que s’il l’est, il s’alignera aux positions de l’Angola. L’ambassadeur connaitra les mêmes déboires que ceux envoyés par Alvare 1er. En effet, parti en 1604, Antonio Manuel fut d’abord pillé par des pirates, avant d’arriver au Portugal puis en Espagne, ou il fut longtemps retenu, puis accosta enfin en janvier 1608 à Rome, pour y mourir le surlendemain. Il eût tout de même le temps de livre son message.

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Antoine Emmanuel Nsaku Ne Vunda, le premier ambassadeur noir du royaume Kongo au Vatican.

Les relations d’Alvare II avec les portugais, souteneurs des rebellions et des revendications autonomistes dans son royaume étaient exécrables. Depuis Luanda ou l’île de Sao Tomé choisi par les potugais pour élever leurs métisses et diriger le commerce des esclaves, ils orchestraient les rebellions et les mouvements indépendantistes au sein des territoires du royaume, comme à Soyo. Son règne fut long, mais ne connu que peu de prospérité à cause de l’instabilité politique.

Bernard II Nkanga Nimi (1614-1615).

Fils du précédant. Il ne régna qu’un an, sans trop qu’on ne sache pourquoi.


Alvare III Nimi ya Mpanzu (1615-1622).

Fils d’Alvare II et frère cadet de Bernard II son prédécesseur. Ancien gouverneur de Mbamba. Son règne fut sans fait marquant particulier. A sa mort, il laissa un fils nommé Ambroise, et jugé par le conseil des grands électeurs comme étant trop jeune pour régner. Ce qui interrompit le règne de la dynastie des Kwilu.

Kanda (dynastie) dia NKANGA Ya MVIKA

Pierre II, Nkanga ya Mvika (Pedro en portugais, et « Mpika » au lieu de Mvika selon les accents du royaume) .(1622-1624). LE GRAND STRATEGE

C’est un sundi. D’abord chef du canton de Wembo (Marquis, selon la traduction portugaise et le nouveau code de la noblesse qui en est calqué), il fut ensuite gouverneur de la province de Mbamba (Duc). Avant d’être roi, il fut un des administrateurs les plus proches de Alvare III, mort en laissant un fils trop jeune, et des oncles trop agés. C’est sous Alvare qu’il modernisa les finances du royaume, en imposant notamment que chaque denier public dépensé comme récolté soit désormais noté sur un registre, et donc imposant des fonctionnaires obligatoirement lettrés. Il avait une sainte horreur de l’esclavage, et n’hésitait pas à accorder asile aux esclaves fuyant Luanda en Angola.

A la mort d’Alvare III et vu l’extinction de la lignée, le gouverneur portugais d’Angola Correia de Souza, profitant de l’incertitude politique leva une armée en direction de Mbanza Kongo affirmant qu’il avait le droit de choisir le futur roi pour s’assurer du bon voisinage. C’est ainsi que Pierre II, passant déjà pour le premier ministre du roi défunt, fut choisi précipitamment par les notables, comme par compromis pour faire face à la menace portugaise. Malgré son élection, la bataille contre l’Angola aura lieu. A Bumbi. Les portugais s’étant alliés avec les imbangala, un peuple du sud-est réputé cruel, formèrent une armée de plus de 20.000 soldats qui affrontèrent les troupes levées et menées pour le Kongo par les gouverneurs de Mpemba et de Mbamba  pour le compte du roi. Les autres provinces kongos ayant passés des alliances secrètes avec le Portugal, et refusant de participer à la bataille, rendant les troupes du Kongo deux fois moins nombreuses. Malgré une bataille acharnée et menée avec un courage salué par les témoins portugais, les kongos furent vaincus et les deux nobles conduisant les troupes tués et mangés par les Imbangala. Les portugais annexèrent les territoires du sud du royaume à la colonie d’Angola.

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Pedro II fou de rage pour la défection surprise de certains de ses gouverneurs, refusa d’en rester là.  Il déclara la guerre à l’Angola et, sans hésiter, au Portugal tout entier. Il démit les gouverneurs qui ne s’étaient pas engagés au combat, en fit exécuter 4, regroupa lui même toutes les armées du royaume et fonça sur Luanda. Il rencontra les forces montées par le gouverneur de l’Angola Correia de Souza pour l’accueillir au combat, à Mbanda Kasi. Les koongo avec leur roi à la tête des troupes combattantes écrasèrent les troupes portugaises et alliées imbangala, avec une hargne devenue légendaire. Les portugais durent quitter totalement le royaume.

Le roi Pierre qui ne décolérait pas, refusa de signer par écrit l’acte de reddition de l’Angola portugaise, ne reconnaissant même plus cet Etat, et écrivit de vigoureuses lettres de protestation au Pape et au roi d’Espagne (en ce temps-là roi du Portugal aussi) pour se plaindre du comportement du gouverneur d’Angola Correia de Souza qui ne respectait aucun accord, aucun engagement et ne cessait de déstabiliser son pays. « Il n’a aucune noblesse, ni de coeur ni de manière » s’exclamait le souverain Koongo à son homologue au sujet du Gouverneur portugais d’Angola dont il exigeait d’être relevé. La plupart des portugais du Kongo (commerçants, artisans, instituteurs, religieux), étaient restés fidèles à Pedro et l’avaient soutenu. Il eut gain de cause, mais à condition qu’il livra 2000 esclaves. Il en céda 1200 et le gouverneur Joao Correia de Sousa fut relevé de ses fonctions et tomba en disgrâce. Il fut remplacé par Antonio Da Silva.

Toutefois, Pedro convaincu que le gouverneur ne faisait qu’appliquer le plan de Lisbonne de plus en plus machiavélique, s’empressa de conclure une alliance secrète avec les hollandais, contre les portugais. La Compagnie hollandaise des Indes orientales approuva ce plan qui consistait à attaquer Luanda: les hollandais auraient attaqué par la mer et les koongos par les troupes terrestres. Malheureusement Pierre mourut sans réaliser ce projet déjà signé, et qui ne verra le jour qu’en 1641.

Son règne fut court, mais si héroïque que le nom de Pierre, Petolo en kongo, devint un nom de famile très répondu en son honneur, et existant encore de nos jours. Très organisé et très cultivé, il passait beaucoup de temps avec les européens de son royaume, qu’il traitait avec tant d’autorité si bien qu’on le surnommait le roi des blancs. Il fut sans doute empoisonné par l’un d’eux, le frère Marco.

Garcia Ier ou Je Garcia, Mbemba ya Nkanga (1624-1626).

Fils du précédent. Il avait succédé à son père alors que nombre de notables considéraient le règne de Pierre II comme une simple régence. Son arrivée semblait affirmer le règne d’une dynastie Sundi.  Etant dans la même vision que son père, Garcia laissa se dérouler le plan secret avec les hollandais. Mais tandis que la flotte hollandaise se déployait près de Soyo pour saisir Luanda, le gouverneur da Silva intercepta la délégation. Puis, feignant d’ignorer l’existence de l’alliance kongo-hollandaise, il réussit à convaincre les soldats de la Compagnie hollandaise des Indes orientales que la politique de Garcia Ier depuis sa prise de pouvoir était la paix entre le Portugal et le Kongo. Les hollandais se retirèrent. Le gouverneur de Nsundi, le métis Manuel Jordão (un troublion né d’un père Sao Toméen et d’une mère bien de Soyo), se servit de ce raté pour accuser le roi de traitrise et lancer l’assaut sur San Salvador. Garcia s’enfuit à Soyo avec sa femme et sa grand-mère. Jordão réussit à imposer Nkanga Nimi, fils d’ Alvare III jadis jugé tros jeune pour gouverner et qui avait laissé sa place à Pierre II. Il réinstalla ainsi la dynastie Kwilu.

Kanda dia KWILU II

Ambroise Ier, Nkanga Nimi (1626-1631)

Fils d’Alvare III. Très vite il se défait de son encombrant bienfaiteur, Manuel Jordão qui l’a porté au pouvoir. Il le relève de son poste de gouverneur de Nsundi, tente de le faire arrêter, mais celui-ci s’enfuit et se réfugie sur une île. Le roi prit par une sorte de paranoïa, se mit à soupçonner tous les nobles de vouloir le renverser. Un climat de complot permanent s’installa durant tout son règne, jusqu’à ce qu’il fut assassiné en Août 1631. Un autre clan pris le pouvoir, les Mpanzu.

Kanda dia MPANZU

Alvare IV (1631-1636)

Ce fut un enfant de 13 ans. Sans règne fut sans fait marquant.

Alvare V (1636-1636).

A peine élu, Daniel da Silva gouverneur de Mbamba contesta son mode d’élection. Ils se livrèrent bataille près de Soyo et le roi faillit perdre, acculé au bord du fleuve dans un siège rude. Deux frères lui vinrent en aide: Nimi et Nkanga. Il s’agissait de deux ressortissants de la vieille noblesse, issus par leur mère des rois du Kongo et par leur père, du Nlaza, territoires orientales, allant au delà du royaume du Kongo, et à cheval sur les pays téké orientaux et au delà. Ils réorganisent les troupes et réussirent à vaincre le gouverneur rebelle. Le roi les récompensa en nommant le premier gouverneur de Mbamba, et le second chef du canton (marquis) de Kiova, un petit territoire sur la rive sud du fleuve Kongo. Puis aussitôt, il tenta de les faire assassiner. Ceux-ci en réchappèrent et réussirent à prendre le roi et à le décapiter. Le frère ainé devint roi, sous le nom de Alvare VI, installant du coup, une nouvelle dynastie, celle des Nlaza.

Kanda dia NLAZA

Alvare VI Nimi ya Lukeni ya Nzenze ya Ntumba (1636-1641).

Le 21 janvier 1641 il meurt dans des circonstances mystérieuses.

Garcia II, Nkanga ya Lukeni ya Nzenze ya Ntumba (1641-1660).

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Portrait du roi Nkanga a Lukeni a Nzenze a Ntumba.

L’ALLIANCE HOLLANDAISE

Frère du précédent il était aussi le second fils de la princesse Lukeni, elle même fille de la princesse Nzenze, elle même fille d’Anna Ntumba troisième fille du roi Alphonse Ier du Kongo. Il étudia avec son frère au collège Jésuite de San Salvador (ouvert en 1620) et intégra la fraternité laïque de Saint Ignace. Chef du canton de Kiova (marquis) à la mort de son frère, il entra avec ses troupes dans San Salvador, obligeant le conseil des notables à le proclamer roi. Ce qui fut fait, mais le conseil posa la condition qu’il ne puisse nommer les hauts fonctionnaires. Car son caractère d’étranger, bien qu’uniquement paternel, posait quelques réticences. Il accepta.

Garcia II relança les pourparlers avec les hollandais qui, quelques semaines après son élection, lancèrent leur attaque sur Luanda. Conformément à l’alliance scellée par Pierre II en 1622, le roi Garcia II mis ses armées en ordre de marche sur Luanda pour porter assistance à ses alliés. Il réussirent à chasser les Portugais de Luanda. Le roi et les néerlandais ouvrir des négociations pour un accord d’amitié. D’abord, il rejeta l’idée néerlandaise de recevoir des pasteurs calvinistes. Le roi réaffirma sa foi catholique et celle de son peuple. La raison réelle était que Garcia craignait que les protestants n’ayant pas de pape, n’aient aucun pouvoir politique. Ensuite, le roi du Kongo désirait que les hollandais l’aident à jeter tous les portugais hors d’Angola. Les hollandais en étaient plus réticents. Ils désiraient juste prendre Luanda, établir un comptoir sur la côte et laisser les portugais continuer à déployer leurs activités à l’intérieur du continent. Toutefois, les hollandais consentaient à aider Garcia II à vaincre une rébellion dans le sud, sur le territoire de Nsala, à condition que les vaincus leurs soient donnés en esclaves comme paiement de cette aide. Ce qui fut fait en 1642.

Pour ne pas avoir écouté le conseil de Garcia qui était de reprendre la souveraineté de Luanda aux Portugais, les hollandais durent rapidement subir des attaques des portugais de l’intérieur et d’autres venus de la mer, pour récupérer Luanda. Sans l’aide du Kongo (handicapé par Daniel da Silva duc de Soyo qui refusait de donner ses troupes) les hollandais ne pouvaient pas tenir bien longtemps.  Les forces portugaises à la recherche de troupes locales dans des royaumes du sud et de l’est de l’Angola, vont provoquer la colère de la reine Nzinga du royaume de Ndongo et Matampa qui entrera en guerre contre eux. Elle espérait sans doute une aide néerlandaise et Kongo qui ne viendra jamais. Les deux estimant qu’ils avaient plus à perdre car les armées de la reine étaient fragiles. Pourtant, après une première défaite honorable à Kavanga en 1646, le courage des troupes de la Reine Nzinga poussa les hollandais à envoyer une aide pour la seconde bataille.

Royaume Kongo : L'histoire du peuple Kongo à travers ses rois - Partie 1

La reine Nzinga

Ainsi, en 1647 à Masangano, le seul rapport qu’on a de cette bataille est écrit par un hollandais, qui affirme que leur rôle était juste de se montrer pour impressionner les portugais et que ce sont les troupes de la reine Nzinga seules, qui ont écrasé les portugais. Ils assiègeront même deux villes portugaises au delà de Masangano: Mutsima et Mbasa. Les Portugais pour réussirent à reprendre le dessus durent faire venir d’impressionnants renforts du Brésil, balayant et les troupes de Nzinga, et les hollandais qui se retirèrent définitivement de Luanda en 1647.

Forts de cette victoire, les Portugais préparèrent un accord drastique envers le roi du Kongo. Il prévoyait des concessions de terres, notamment Bengo et l’ïle au large de Luanda, la propriété sur toutes les mines du Kongo, et un droit de passage sur un certain nombre de lieu. Le Roi refusa de signer et de payer le moindre droit en trouvant à chaque fois des subterfuges politiques et militaires, notamment en fomentant de fausses rebellions ou attaques de peuplades sauvages menaçant et Luanda et Mbanza Kongo. Garcia foutait le trouble dans ses affaires intérieures pour faire croire aux portugais que de vraies raisons l’empêchaient d’exécuter leurs accords.

Dans ce chaos, il fit venir des missionnaires capucins d’Italie et d’Espagne qu’il pris comme conseillers, avant de les accuser de complot en 1652. Il fit arrêté Dona Léonora, une dame âgée de la cour de la dynastie précédente, fort respectée, qui moura en prison, brisant sa popularité. Il dû engager aussi de nouvelles guerres vers Soyo, ou Daniel da Silva redevenu gouverneur (après avoir été évincé un temps) se comportait en indépendant. Bien que les portugais aidaient le régime de Soyo, Garcia II réussit à les vaincre tous deux, à Soyo, dans une bataille qui ne fut pas sans rappeler celle de Bumbi en 1622. Deux des fils de Pierre II de la dynastie Sundi tentèrent également de le renverser. Il les vainquit en 1655, et obtint l’allégeance du reste des nobles sundis.

Premier roi à introduire une couronne dans une cérémonie d’intronisation au Kongo, Garcia II mourut en 1660 laissant une réputation de sa grandeur qui avait atteint le monde entier.

Antoine Ier Mvita ya Nkanga (1661-1665). LA BATAILLE DE MBUILA


Fils de Garcia II le Grand, Antoine Ier ne pouvait que poursuivre la politique étrangère de son père, l’anti-portugalisme.

Depuis plus de 30 ans les deux pays étaient quasiment en guerre constante. Le portugal soutenait n’importe quel mouvement indépendantiste du royaume. Voici que la petite principauté de Mbuila, récemment souveraine, va avoir un conflit de succession entre un homme soutenu par le Portugal, et sa tante soutenue par le Kongo. Comme il était de coutume à l’époque, les deux nations rivales vont se fixer un rendez-vous pour la bataille. Ce sera la célébrissime bataille de Mbuila (ou Ambuila dans la transcription européenne). Vu l’enjeu (assez périphérique) et plus diplomatique que réellement politique, les koongo ne s’étaient que peu préparés à la bataille, mais plus à la négociation qui allait s’ensuivre, selon que l’on soit vainqueur ou perdant. Ils avaient emmener une kyrielle de notables ainsi que le roi, prêts à signer ou à obtenir des engagements, parcelle par parcelle, dans et autour du royaume, avec les portugais. Il fallait pour eux, régler un grand nombre de problèmes d’autorités qui secouaient les deux grandes nations locales, l’Angola (pays portugais) et le Kongo.

Les portugais par contre, avaient levé la plus forte armée jamais vue en Afrique. Ce 29 octobre 1665, les koongo subiront la plus écrasante défaite de leur histoire, voyant la mort de 5000 hommes, y compris le roi, ses deux fils, ses deux neveux, quatre gouverneurs, les différents fonctionnaires de la cour (95 titulaires) et 400 autres nobles. La province indépendantiste de Soyo, en a par la suite profité pour dévaster complètement Mbanza Kongo, surnommé par eux, Mbanza n’kuyu (le siège du diable). Les dynasties de Kinlaza et de Kimpanzu seuls survivantes de Mbuila pour n’y avoir pas été, se livrèrent ensuite une guerre acharnée pour le trône, entrainant une guerre civile qui dura plus de 40 ans et finit par morceler le grand royaume du Kongo.

Royaume Kongo : L'histoire du peuple Kongo à travers ses rois - Partie 1

Le Kongo au XVIIè siècle.

Période d’anarchie dans le Royaume Kongo

Plusieurs rois régnèrent sur une partie du pays, se prétextant chacun « roi de tout le kongo ».

A Mbanza São Salvador

Alphonse II (1665). Membre de la dynastie Mpanzu, il fut mis au pouvoir par le prince de Soyo, anti royaume. Il fut renversé par la dynastie de Nlaza, un mois seulement après son arrivée. Il fonda le petit royaume de Nkondo d’ou il tenta d’organiser un retour au pouvoir en vain, jusqu’à sa mort en 1669.

Alvare VII (1665-1666)

Alvare VIII (1666-1669)

Pierre III Ntsimba Ntamba (1669; règne ensuite à Mbuula/Lemba). De la dynastie Kinlaza. Il fut chassé par les Mpanzu au bout de 5 mois de règne, et se retira à Lemba. En 1678 il tenta de reconquérir Mbanza Kongo par la force. Il tua le roi en place, Daniel Ier, et détruisit la ville. Il repartit à Mbuula/Lemba  qui devint sa capitale. Manuel, frère de Daniel Ier monta un stratagème pour l’attirer. Il convainc le prince de Soyo de prétendre qu’il désirait donner sa fille à Pierre III afin que les descendants régnassent sur Soyo aussi. Pierre III fit le déplacement, entra dans la case ou l’attendait la mariée couverte d’un voile, mais ce fut en réalité Manuel sous le voile qui assassina Pierre III.

Alvare IX (1669-1670)

Raphael Ier (1670-1673)

Alphonse III Mbemba ya Nimi (1673-1674). Roi de Nkondo jusqu’en 1673. Puis du Kongo durant un an.

Daniel Ier (1674-1678) Voir Pierre III

Abandon de São Salvador (1678-1709).

Royaume Kongo : L'histoire du peuple Kongo à travers ses rois - Partie 1

Yaya Ndona Beatriz Kimpa Vita Nsimba

Pendant près de 40 ans, le royaume se vautrait dans la guerre civile. São Salvador en ruine, les dynasties rivales avaient installé leurs bases dans l’arrière pays, à Lemba pour les uns, Kibangu pour les autres. A la fin du XVIIè siècle, apparut une jeune femme, Kimpa Vita, baptisée Dona Béatrice, affirmant être possédée par l’esprit de Saint Antoine. Il lui aurait donné mission de réunir le pays. En 1702 elle se rapproche de Pierre (Pedro) IV, régnant à Kibangu à l’est de la vieille capitale, l’enjoignant de remplir le rôle d’unificateur. Il lui aurait suffit selon elle, qu’il se réinstalla à São Salvador et saint Antoine aurait protégé son trône. Après le refus de Pierre IV, le trône de Mbanza Kongo étant devenu synonyme de déclaration de guerre pour quiconque l’occupe, elle se rabattit sur son rival Jean III (Nzuzi Ntamba) de Lemba appelée aussi Mbuula (les mannes), au sud du fleuve Kongo. Ce dernier qui n’osa lui non plus prendre le risque, avança pour prétexte qu’il était le roi légitime du Kongo, et que désormais la capitale serait chez lui à Mbuula/Lemba. D’ou la célèbre réplique de Pierre IV son rival, « Nkombo ka ghanda lemba, ndozi ngo kondo pele« , à savoir « si le bouc hérite du trône, il ne peut s’empêcher d’être troubler par des cauchemars sur le lion »). Elle prit son courage à deux mains et alla s’installa elle-même dans la capitale ruine, en prêchant sur son passage la renaissance du royaume grâce à sa révélation. Bientôt elle fut rejointe par des milliers de convaincus qui s’installèrent à Mbanza Kongo. Elle y développa sa pensée religieuse aujourd’hui connue sous le nom de doctrine des antoniens. [Le témoin qui rapporte le sens de cette doctrine faisant partie de ses bourreaux, l’historien doit prendre l’interprétation qu’il en fait avec des pincettes et non au pied de la lettre. Par crainte de mauvaise foi, ou simplement d’incompréhension d’un contexte philosophique Kongo]. A l’en croire, Jésus, Marie et saint François seraient selon Kimpa Vita, des Koongo. Bethleem se trouverait en Nsundi tandis que Jérusalem ne serait autre que Mbanza Kongo. « C’est notre propre religion qu’ils ont travesti et qu’ils essaient de nous revendre« , clamait la prophétesse.
Elle avait réussit très vite à ramener la vie et la paix à Mbanza kongo/Sao Salvador, mettant dans l’embarras les deux prétendants rivaux au trône. Mais en 1706, celle qui se disait vierge accoucha d’un petit garçon dont on attribua la paternité à Jean, son plus fidèle lieutenant. Les prêtres catholiques portugais en profitèrent pour l’accuser d’hérésie et faire douter ses adeptes de sa pureté, et donc, de sa sincérité. Ils donnèrent l’occasion à Pierre IV (qui n’avait pas digéré que la prophétesse eut recours à son rival) d’entrer dans la ville, de la saisir et de la laisser juger par les prêtres européens qui la condamnèrent pour hérésie et la brûlèrent au bûcher. Son action fut décisive à la réhabilitation et la réunification du royaume.

*Nota: Il faut relever qu’il n’existe aucun témoignage affirmant que Kimpa Vita eu une grossesse, ni qu’elle se cacha durant une période suffisante pour dissimuler une grossesse. Sachant qu’elle n’avoua pas non plus la maternité (elle aurait pu prétexter que c’est l’enfant mystique conçu par saint Antoine et qu’il sera roi), il semble probable qu’elle recueillit un orphelin. Le reste n’étant que prétexte pour récupérer le trône de la part du roi Pierre IV et empêcher une concurrence du culte pour les missionnaires locaux qui déployaient une énergie féroce afin de tuer la religion autochtone.

Pierre IV N’samu Mbemba (1709-1717) règne auparant à Kibangu, et est souvent qualifié de Pierre III, car beaucoup d’historiens réfutent que le IIIè Pierre prétendument régnant à Kimpanzu l’ai jamais fait. En février 1709, il s’installe à Sao Salvador grâce à Kimpa Vita qu’il a fait condamner au bûcher, et retrouva peu à peu la reconnaissance de son pouvoir au sein des populations. Les provinces et royaumes acceptèrent également de se soumettre à sa couronne selon les niveaux d’autonomie qu’ils avaient avant le trouble. Le royaume était d’utilité économique, politique et culturelle vitale pour toute la région. En 1716, son principal rival accepta de le reconnaitre, ayant passé un accord qui instituait une rotation au pouvoir entre les Kimpanzu et les Kinlaza. Après donc 51 ans de chaos remontant à la défaite d’Ambuila, Pierre IV par le sacrifice de Kimpa Vita réussit à restituer les frontières du royaume de Nzinga Nkuvu. D’où l’expression de « pays, fils ou descendant(s) de Nzinga Nkuvu » qui a survécu jusqu’à nos jours et se dit quand un Kongo veut affirmer sa fierté ou sa longévité inébranlable. « Moi, descendant de Nzinga Nkuvu, même la mort ne me pliera pas« , juraient les soldats Koongo.

Pierre Constantin da Silva, prétendant, tué en 1709

Entre-temps, à Kimpangu (ville appelée aussi Agua Rosada ) régnèrent aussi:

Garcia III (1669-1678)

André Ier (1678-1690)

Manuel Ier mort en 1693

Alvare X (1690-1694)

Pierre III (1695-1709)

 A Nkondo

Alphonse III (1669-1673)

A Mbuula/Lemba

Pierre III Nsimba Ntamba (1669-1683)

Jean II Nzuzi Ntamba (1683-1716)

La réunification du Royaume Kongo

Royaume Kongo : L'histoire du peuple Kongo à travers ses rois - Partie 1

Le Kongo en 1711

Pierre IV (1709-1717) (déjà cité).

Manuel II (1718-1743).

Son règne fut tourmenté. Son pouvoir resta très limité à cause de celui trop fort des comtes de Soyo. Les Sundi au nord se sentant délaissés dans l’accord du partage du pouvoir se comportaient plus ou moins comme indépendants, n’hésitant pas à provoquer certains troubles dans le royaume, affaiblissant sans cesse l’autorité du roi. Dans la province de Mbamba une guerre éclata en 1730, et le roi ne put que constater les dégâts. Il réhabilita la mémoire de Kimpa Vita. La cathédrale devant laquelle fut exécutée la prophétesse (construite en 1549) fut surnommée Nkulumbimbi, et une statue de la « Vierge-à-l-enfant » représentant une Marie noire et un Jésus aussi noir fut érigée en son intérieur.


« Sainte Vierge et l’enfant roi »
Inspirée de Kimpa Vita

D’ailleurs une classe d’artisans fabriquant des oeuvres religieuses représentant les personnages bibliques en nègre se développa dès cette époque. En 1992, le pape Jean Paul II donna une messe dans cette cathédrale, mais le clergé refusa d’évoquer la réhabilitation par l’Eglise de Dona Béatrice Kimpa Vita, et moins encore de sa canonisation.

Garcia IV (1743-1752).

Descendant des Kinlaza, donc successeur de Pedro IV dans cette lignée, conformément à l’accord conclu en 1716. Seulement, il existait plusieurs branches des Kinlaza et d’autres avaient refusé d’appuyer Pedro IV dans son accord de partage avec les Kimpanzu. Garcia était dans la lignée des fidèles. Ses cousins des autres lignées qui depuis 1716 s’étaient réfugiés dans le centre du royaume à Matadi, Lemba et aux bords de la rivière Mbizidi, finirent par faire sécession et fondèrent de petits royaumes.

Nicolas Ier (1752-1758)

Alphonse IV

Antoine II

Sébastien Ier

Pierre V (1763-1764).

Jusque là, la rotation des deux clans au pouvoir s’était passée sans problème. Mais Pedro V fut chassé du pouvoir par un Kinlaza et dû s’exiler à Luvata. Il y créa, ainsi qu’à Sembo, un tribunal royal, ou il exerçait cette attribution du roi. Ce qu’il pouvait encore faire, même en exil, auprès de ceux qui le reconnaissaient comme véritable souverain. Il ne reconnût jamais l’usurpation de son trône. Après sa mort, il eût même un successeur qui persista à revendiquer le trône des Kimpanzu volé par le Kinlaza Alvare XI.

Alavare XI (1764-1778).

Par son coup d’Etat renversant Pedro V, il rompait une alliance entre les dynasties Kinlaza et Kimpanzu qui avait survécu à 8 rois durant 38 ans. A sa mort Les kimpanzu se déchirèrent pour lui succéder, favorisant l’arrivée d’un autre Kinlaza.

Joseph Ier (1778-1784).

Kinlaza, de la branche qui refusa de signer le pacte de partage du pouvoir avec les kimpanzu en 1716 et qui se réfugia dans la vallée de Mbizidi. En succédant à Alvare XI, non seulement il ne reçut pas le soutien de ses cousins issus des non signataires, mais ils refusèrent aussi de soumettre leurs principautés au royaume du Kongo et du coup, annoncèrent leur séparation définitive de la fédération du Ntotila. Leur indépendance en somme. Affaiblit par le défection de ceux sur qui il comptait s’appuyer en premier, il dû accepter le défit de guerre que lui lança le successeur du kimpanzu Pierre V, désigné en exil. La bataille eût lieu en 1781. Joseph (José en portugais) mis en place une solide armée de 3000 hommes bien équipés qui réussit à battre son rival. Pour montrer son mépris à l’armée défaite, le roi José les enterra en position couchée sur le ventre. Faute du soutien de sa famille, il ne réussira pas à prendre d’assaut le territoire de Luvata ou s’étaient refugiés les Kimpanzu, qui s’y comportaient en concurrents et rebelles de son pouvoir. Les autres territoires importants qui lui échappaient, sont les terres autour du Mont Kibangu ou Pierre IV (celui qui profita de Kimpa Vita) fut réfugié en son temps. Ils étaient occupés par la famille dite Agua Rosada (Kimbangu), qui prétendait descendre à la fois des Kimpanzu et des Kinlaza. Avec de telles prétentions et si près de la capitale, Joseph ne pouvait dormir que d’un seul oeil. Mais tenant tellement à instituer une longue dynastie des Kinlaza sur le Kongo et pensant que ce sont ses mauvais rapports personnels avec le reste de la dynastie qui l’empêchait, Joseph préféra abdiquer en faveur de son frère cadet pour donner une chance à son projet.

Alphonse V (1784-1788).

Frère du précédent. Son règne bref (certains auteurs disent 1785-1787) se termina par son empoisonnement. S’ensuivit alors une guerre trouble et floue qui vit plusieurs rois se succéder, généralement sans lignage précis. On dit même qu’un Yaka voire pire (pour la conception Kongo de l’époque), un Imbangala l’occupa.

Joseph II (1788-17??)

Alexis Ier (17??-1793)

Henri II (1793-1802). Après les troubles, le pouvoir échoua à Henri II. D’origine très incertaine, il réussit tout de même par ses troupes à occuper Mbanza Kongo. Pour mettre fin à la guerre, il était prêt à se contenter d’une portion du royaume, donnant à ses deux principaux rivaux (un Kinlaza et un Kimpanzu), la plaine souveraineté sur un tiers du territoire chacun.

Garcia V (1802-1814).

Il accepta le morcellement du territoire proposé par Henri II, et en reçut un tiers. C’était un accord stratégique pour lui car la petite paix lui permit de se reposer, refaire ses troupes, et repartir à la reconquête du royaume, ce qu’il réussit en 1805. Pour corriger la chronologie, on peut dire qu’il est co-roi avec Henri de 1802 à 1805, et roi effectif du Kongo à partir de 1805. Il semblerait que Garcia avait abdiqué en 1814 pour laisser régner d’autres rois, dans le but de réhabituer le royaume à la rotation entre Kimpanzu et Kinlaza, sous la surveillance de lui-même Garcia et de ses troupes. D’où il n’est pas rare de lire qu’on lui prête d’avoir régné jusqu’à sa mort en 1830.

André II (1814-1825).

Issu de la famille nord de Kinlaza, les rebelles de Matadi (dont la capitale s’était transférée entre temps à Manga) qui voulaient faire sécession du temps de Joseph Ier en 1778, et qui depuis leur refus à Pierre IV en 1776, n’avait finalement plus participé au pouvoir au nom de toute la famille depuis la guerre d’Ambuila, soit depuis 149 ans du temps d’Antonio Ier. Sa prise du pouvoir réhabilite de nouveau le royaume.

André III (1825-1842).

Il succède à André II, mais est renversé par Henri III de la branche des Kinlaza de Mbizidi, qui depuis le temps s’est particularisée en tant que maison nobiliaire des Kinlaza de Matadi-Manga. Et par mariages successifs, ils se revendique maintenant des Kinlaza descendant de Pedro (ou Pierre) IV ! André III s’installe accompagné de ses fidèles partisans et sa famille, pas trop loin de Mbanza Kongo, dans le village de Mbanza Mputu ou logeaient jadis les missionnaires européens. Il y restera jusqu’à mort, avec ses fidèles, perpétuant ses revendications, et plus tard ses descendants en faisant de même.

Henri III (1842-1857). Après le renversement d’André, il régna dans un pays avec beaucoup de poches d’indépendance. Il signa le premier traité de vassalité du Kongo envers les portugais. La dépendance qui était jusque là politique, va devenir juridique. Vous comprendrez pourquoi en lisant la suite. Henri III mourut au pouvoir.

Alvare XIII (1858-1859). Il revendiqua le trône au nom des Kinlaza de Matadi (s’étant déplacé à Manga), en ignorant complètement ceux de Mbanza Mputu. Il pu s’installer au trône. Une fois mis au parfum des affaires, il refusa d’admettre le traité signé par son prédécesseur et cru avoir les moyens de s’opposer aux portugais. Ils livrèrent bataille avec le poulain des portugais Pierre VI qui l’emporta. Alvare XIII cracha le fameux « moi, fils de Nzinga Nkuvu, même la mort jamais ne me pliera » et s’en alla créer une base à Nkunga, non loin de Sao Salvador, comme le fit en 1842 son cousin André III non loin de là, à Mbanza Mputu.

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Dernière carte du Royaume avant dislocation

Pierre VI Leelo (1859-1891). Pour ce chapitre très important, voir John Thornton: « Early history » P 110; Tshilemalema Mukenge: « Culture et coutume du Congo »

Descendant d’une faction Kinlaza de Mbizidi, plus exactement installée à Mbembe. Il dut guerroyer fort avec un autre Kinlaza pour parvenir au pouvoir, sans d’ailleurs trop de pouvoir.

En 1839 L’Angleterre fit pression sur le Portugal pour arrêter la traite des esclaves. S’il faudra attendre encore 1851 pour que le Portugal admette officiellement la fin de ce commerce (en Afrique subéquatoriale). Il faudra encore deux ou trois décennies plus tard pour voir l’économie en Afrique centrale se convertir vers l’exportation de la cire, de l’ivoire, puis le commerce d’arachide et de caoutchouc. Le grand témoin de cette époque sera Pierre VI. Ce changement bouleversa énormément les structures économiques (on s’en doute) mais surtout politiques du royaume.

En effet, contrairement à la traite négrière qui était en grande partie sous l’autorité de l’Etat, ce commerce nouveau permet à tout le monde, roturiers ou princes de transporter sa production jusque sur les côtes et d’en tirer un juste profit. Cela a permis la création de nouveaux regroupements humains, unis non pas au nom d’une allégeance à un prince, mais pour des intérêts strictement économiques. Ces villages riches et en mouvement devenaient incontrôlables. Les princes se sont révélés plus pauvres que certains bourgeois de leur contrées, et l’accroissement des impôts pouvait pousser le commerçant à choisir de les payer directement au roi et de demander la tête du gouverneur gourmand et sans doute fainéant. C’est la grande époque de la naissance du Kongo commerçant, et de la propagation du munsambu, poisson salé séché, car il permettait d’avoir des vivres conservables longtemps, durant les voyages du commerçant. La ville la plus plus puissante de ce renouveau commercial de la seconde moitié du XIXème était Makuta. Fondée vers 1855 par un riche commerçant du nom de Kuvo qui a fait fortune dans l’esclavage et la vente des étoffes européennes, elle prit une nouvelle dimension lorsque ce dernier s’associa à un autre grand du nom du commerce, Garcia Buaka Matu, qui lui était issu du nouveau négoce agricole qui proliférait. Ils créèrent un marché privé, dans leur village privé, avec leurs artisans privés, et on leur payait des taxes privées, à un carrefour devenu privé et stratégique! Il en a suffit de quelques années pour que Buaka Matu fasse vaciller le pouvoir du roi et menace même les portugais de se payer une armée entière pour les combattre, s’ils l’emmerdaient encore avec leurs histoires d’impôt. Il mourut en 1880 et Makuta (qui signifie « les fanfarons ») devint un marché et un village ordinaire. Nous ignorons si on s’en inspira pour nommer les subdivisions d’une monnaie au Congo Kinshasa.

Changement social également car c’est à cette époque que naissent les makanda traductible par « clan », qui regroupent des familles prétendant descendre d’un ancêtre commun, reconnu par les « mivila », le lignage. Ce sont des imitations par les gens du peuple de la structure familiale jusque là réservée aux nobles. Ces Makanda se présentent comme autant de réseaux commerciaux et solidaires reliant des gens par pure affinité en y ajoutant un fondement lignager totalement fictif. Selon des témoins des faits, à une époque ou nait l’anthropologie, ces clans suivent des tracés de routes commerciales: de Soyo à San Salvador, de Boma à Loutété, de Ndongo à Kimpumbu (actuel Kinshasa). Dans cette société désormais en mouvement, les « mvila », au delà de la solidarité, ont servi aussi à planter des attaches et à indiquer des sources sur l’individu. Comme autant de noms de famille, d’appartenance à une commune d’origine et de rattachement, ils ont précédé le principe de la fiche d’identité. Et jusqu’à ce jour, les kongo se définissent selon l’appartenance à ces lignages qui n’ont plus leur fonction.

A la même époque, une nouvelle tradition orale à propos de la fondation du royaume (souvent attribuée à Afonso Ier d’ailleurs), voit le jour au sein des masses populaires. Elle décrit comment ce roi obligea les fondateurs de chaque clan à se disperser dans les 4 coins du royaume, chacun avec sa mission. Aujourd’hui, ces légendes mythologiques racontant souvent les épopées de ses chefs fondateurs, mythiques ont remplacé dans la conscience collective l’histoire réelle du royaume telle que rédigée depuis 5 siècles. Hélas!
Ce sont ces révolutions brutales qui effriteront le royaume sous les pieds de Pierre VI, « Petolo » en kongo, dont les chansonnettes moquant son impuissance se chantent encore dans les campagnes du Congo, de la RDC et de l’Angola. La conférence de Berlin, dont il signera et reconnaîtra les conclusions en 1888 achèvera le travail. Par cet acte, Petolo signera la vassalité du Kongo au Portugal.

C’est le début de la grande migration des originaires de la province de Nsundi, le Ba-sundi, vers le nord, l’actuel Congo Brazzaville. Les sundi du nord (Mpangala) étant d’immigration plus ancienne datant de Nzinga Nkuvu, tandis que ceux du sud (Louingui, Bouenza), bien qu’issus de la même province, n’arriveront qu’à cette période, et formeront les actuels kongos (laris, sundi, bahangala etc…) du Congo Brazzaville.  La royauté ne sera plus que symbolique.

Royaume Kongo : L'histoire du peuple Kongo à travers ses rois - Partie 1

Alvare XIV Mfutila,

succéda à son père en 1891 à Mbanza Kongo (San Salvador)

ROIS SYMBOLIQUES

  • Alvare XIV Mfutila d’Agua Rosada, (1891-1896)
  • Henri IV (1896-1901)
  • Pierre VI (1901-1912)
  •  Manuel III (1912-1914). Suite à un complot contre le Portugal, suivit d’une révolte, l’occupant qui était devenu colon, mit fin à sa reconnaissance du royaume, même symboliquement.

Continuation clandestine par des Rois titulaires

  • Alvare XV (1915)
  • Alphonse Nzinga (1915-1923)
  • Pierre VII Alphonse (1923-1955)
  • Antoine III Alphonse (1955-1957)
  • Isabelle Maria de Gama (1957-1962); régente
  • Pierre VIII (1962)
  • Alphonse Mansala (1962)
  • Isabelle Maria de Gama (1962-1975) régente

Depuis 1975, indépendance de l’Angola et fin des persécutions contre les représentants du pouvoir royal du Kongo, tous les descendants de toutes les factions se disputent la légitimité de la couronne.

Mani Kongo.
Les Rois (ou Empereurs) du Kongo (« Mintinu mia Kongo » en kikongo) portent le titre de Mwene Kongo. Manikongo est une déformation portugaise de Mwene ya Kongo. « Mwene » est aussi le titre porté par le responsable administratif d’une province du Royaume du Kongo. On peut ainsi parler de Mwene ya Kongo, Mwene ya Soyo, Mwene ya Loango, etc. Dans le nord (au Kakongo, Nsundi et Yomba) on dit Mane. D’ou le mani des portugais. Les loango prendront les deux appellations, en avalant les dernières syllabes comme l’exige leur langue: Ma’ pour désigner la fonction, le titre (exemple: Ma’ Loango, Ma’ Kaya) et Mwe pour désigner l’individu titré du Ma’ (exemple: Mwe Poaty, Moé Mbatchi). Le titre de Mwene existe aussi chez les mbochis du nord Congo. Le roi porte le même titre que le gouverneur de région. Preuve qu’à l’origine il s’agit de vassaux qui ont perdu définitivement leurs pouvoirs. Mais en gardant ainsi les titres, symboliquement le roi est diminué car il n’est qu’un administrateur comme les autres, sauf que lui, son champ de pouvoir englobe celui des autres « mwene ». « Ntotila » est le titre que lui donnent ses vassaux et qui signifie celui fait l’unité, qui ramasse des désoeuvrés pour les réunir autour de sa protection. Car le terme kongo rendu par vassal peut se traduire par « protégé ». C’est pourquoi « Kongo dia Ntotila » sous-entend l’ensemble des peuples Kongos, jusqu’aux extrémités de son influence. Plus tard, l’absolutisme du pouvoir durant les guerres de dynasties fait apparaitre le titre de N’tinu qui signifie roi au sens de celui que l’on doit craindre. Le détenteur de l’autorité étatique.
Depuis 1512, puis 1535 les rois du Kongo ont gravé dans le marbre les titres qu’ils portaient intégrant les vassaux. Ainsi, Afonso Ier était Roi du Kongo, de Mbundu et du Kongo dia Nlaza; Seigneur de Kakongo, de Vundu et de Ngoyo. Sachant que chacun de ses royaumes avait ses propres vassaux non cités dans le titre royal, mais sous-entendu sous le principe voulant que « le vassal de mon vassal est mon vassal ». Le royaume Mbundu de 1512 incluait les royaumes de Ndongo, de Kissama et de Matamba. Toutefois, il semble que certains titres étaient des prétentions non avérées. Surtout dans le sud, après 1600. Le Kongo avait une influence beaucoup plus forte au nord et à l’est, qu’il ne l’avait au sud. Ces zones commerciales et historiques s’y trouvaient. Ce qui facilita d’ailleurs l’implantation des Portugais à Luanda (sud du pays, hors du Kongo) en faisant immédiatement une colonie.

Administration du Royaume Kongo

Le royaume du Kongo était composée d’un grand nombre de provinces, variant selon les époques de 6 à 15 pour les principales, ayant des tailles très variées. Il y’avait également de plus petites localités qui avaient des statuts assez divers. Lors de l’européanisation des titres, la plupart furent appelées « marquisat ». C’est le cas de Mpemba, ou Kiuvo. Nkusu, petite cité regroupant quelques 4 milliers d’âme non loin de la capitale avait le statut de « Pays ». Le statut du chef de province était en principe accordé par le roi pour des durées variables mais limitées dans le temps. Mais il arrivait qu’un seul individu puisse diriger une province durant toute sa vie, voir rendre sa charge héréditaire. Généralement cela survenait à cause de la situation politique complexe qui empêchait de modifier son statut. Il fallait mieux contenir un duc rival en laissant sa « maison » gouverner une province plutôt que ne rien lui laisser et risquer de le voir arriver à la capitale avec des troupes.

Ces provinces devenaient des monarchies par la forme du gouvernement mais demeuraient tout de même soumises à l’obligation de fournir ses fils pour soutenir un effort de guerre, à l’impôt provincial, à l’impôt individuel, et l’impôt commercial. Un visiteur hollandais nous rapporte que cet impôt avait atteint pour le trésor royal en 1640 la somme de 20 millions de nzimbu, la monnaie locale. Sachant qu’une vache coûtait 80 à 100 nzimbu et 2 à 5 nzimbu pour un poulet. Le royaume avait aussi des taxes directes, prélevées sur les différents produits commerciaux échangés à travers la sous région. Il s’agissait du cuivre, des métaux ferreux, du raphia, des textiles (du Kongo dia Nlaza notamment), de l’ivoire, du cuir, ou encore du sel.

Duarte Lopes lors de son voyage à la fin du XVIè siècle identifia 6 provinces importantes. C’est sa liste qui est le plus souvent répétée dans les manuels d’histoire. Il s’agit du N’sundi dans le nord, Mpangu au centre, Mbata au sud, Soyo dans le sud-ouest, Mpemba au centre-est et Mbamba au sud-est qui est la plus grande de toutes les provinces avec 6 sous-provinces. Mpemba était petit et ne connaissait aucune subdivision. Mais au vu de son rôle historique, il avait un statut à part. La capitale était sous la direction directe du roi. Elle comptait 500.000 habitants en 1600.

*Nota: Kongo dia Nlaza, ou Mumboadi (7) Nom donné par les Koongo à la partie orientale du pays, qui regroupait 7 Etats, provinces et royaumes vassaux. Particulièrement réputés pour leur grande production de textile avant l’arrivée des portugais et encore pendant, jusqu’au XIXè siècle.

LES FORCES ARMÉES

guerrier kongo - Royaume Kongo : L'histoire du peuple Kongo à travers ses rois - Partie 1

Guerrier kongo, de l’époque de Nzinga Nkuvu

Elle était composée de 30.000 soldats permanents, et pouvait recruter en plus jusqu’à 50.000 hommes en âge de combattre pour une campagne ponctuelle. Du temps de Nzinga Nkuvu, près de 5.000 soldats stationnaient dans la capitale, le reste autour des points sensibles, des frontières et sur les routes commerciales. A partir du XVIIème siècle, les guerres civiles étant devenues plus importantes que les guerres contre les nations étrangères, autant que les invasions barbares s’atténuaient, Mbanza Kongo hébergeait pas moins de 20.000 soldats consacrés à la défense du cœur du royaume. Quoique certaines sources prétendent qu’Antonio Ier réunit 70.000 soldats à Ambuila (sérieusement contredites par d’autres de la même époque), il était difficile de réunir une armée de plus de 10.000 soldats pour une longue campagne, à cause des difficultés logistiques.

Les archers étaient majoritaires. Ils étaient renforcés par des fantassins armés de lances, d’épées et de boucliers. Vers 1580, elle se compléta de mousquetaires, essentiellement recrutés parmi les métis. Il en servit 360 dans la bataille de Mbuila.

Les techniques de combats étaient propres à la culture Congo. Si peu de témoignages du combat à main armée nous sont parvenus, celui à main nu enseigné s’appelait la force de la panthère (animal totémique privilégié des Kongo),ou « ngo-lo ».

art martial kongo - Royaume Kongo : L'histoire du peuple Kongo à travers ses rois - Partie 1

Figures de Ngolo.

La capuera brésilienne s’en est largement inspiré. Ce qui témoignage d’ailleurs que comme pour le latin, la périphérie culturelle a souvent mieux conservé les souvenirs culturels que le centre. (Batsikama: L ’ancien Royaume de Congo et les BakongoL’HARMATTAN – 1999 / Le geste Kongo MUSEE DAPPER – 2003)

SAO TOME

L’île offrant un position exceptionnelle aux navires portugais, fut la première implantation véritablement souverraien du Portugal. Proche du kongo, mais aussi inaccessible par les moyens de navigation de ce pays, ce comptoir reçu dès 1499 un titre officiel comme territoire portugais, son gouvernement dirigé Fernand de Mello se vu accorder par le roi Manuel du Portugal le droit à la succession héréditaire. Pour le Portugal, les affaires du Kongo dépendaient directement de Sao Tomé. Mais très vite les abus du gouverneur furent de très haute ampleur. Il pouvait ponctionner jusqu’à la moitié de la cargaison d’un bateau en provenance du Kongo ou du Portugal vers le Kongo, au titre de taxes et douanes, pour revendre les mêmes biens au Kongo. Si bien que le commerce extérieur du royaume s’en trouvait sérieusement affecté. En 1512 alors que commençait le trafic des esclaves, les rois Manuel du Portugal et Afonso du Kongo se mirent d’accord que le gouvernement de Sao Tome entravait leur deux nations. Manuel décida d’envoyer un ambassade permanente à Mbanza Kongo, pour négocier directement. Le convoi fut intercepté par le gouverneur de Sao Tome qui s’opposa catégoriquement à cette entreprise, arguant que Afonso désirair acquérir un bateau de haute mer battant pavillon Kongo. Ce qui était vrai: Afonso Nzinga Mbemba avait même chargé son neveu Rodrigo de négocier l’achat d’un navire au Portugal!  Ainsi, s’échapper du contrôle de Sao Tome, aurait permis au Kongo développer ses relations commerciales avec d’autres nations africaines et européennes.

Le roi du Portugal adhéra à l’argument de Fernand de Mello, et renonça de lui retirer le droit de contrôle sur le passage des navires. Le successeur du roi Manuel, Joao III, lui retira l’hérédité de sa charge de gouverneur en 1522, nommant et relevant lui même les gouverneurs.

SOYO

La province de Soyo bien que périphérique et sans aucune importance avant l’arrivée des colons, deviendra capitale par la suite. En effet, englobant l’embouchure du fleuve, cet estuaire permettait un accostage facile des grands navires de haute mer. C’est d’ailleurs au même endroit, jadis appelé Mpinza, que la RDC est entrain de construire son nouveau port en eau profonde, Banana. En 1491 lors du premier retour des colon portugais, le chef de Soyo, petite province est le premier à recevoir le baptème. Avant le roi. Il profitera de cette position de primauté dans le commerce extérieur devenu capital pour l’Etat Kongo, pour revendiquer de plus en plus de pouvoir et de droit, voir une autonomie.

MBANZA KONGO

La capitale du royaume a beaucoup souffert des conséquences de la bataille de Mbuila et ne s’en est jamais vraiment relevée. Les différents rois qui se disputaient la couronne avaient désigné leurs fiefs respectifs comme capitale de leurs prétentions. À cause de l’insécurité et des pillages, les habitants ordinaires, avaient également désertés la ville, tombée en ruine en 1678. Ses manufactures, ses 12 églises et son palais furent pillés pierre par pierre. C’est Kimpa Vita qui aida à la repeupler à partir de 1705, avant que Pierre IV, réinstauré roi, n’en refasse la capitale en 1709. Durant l’époque coloniale, qui intègre le Kongo à l’Angola, le territoire qui recouvrait Mbanza Kongo est introduit dans la province appelée Zaïre (de « nzadi« , signifiant fleuve), alors que la partie angolaise du royaume en général, est découpée en une dizaine de circonscriptions administratives. La conscience d’appartenir à un même groupe étant si forte au sein du peuple Kongo, que les rébellions, ou les refus d’obéir au nouvel ordre étaient monnaie courante, autant que les répressions coloniales qui s’ensuivirent. Si bien que la ville a peut profiter de la modernisation coloniale de l’Angola et ses habitants ont souvent préféré l’exil, ou le marronnage (vie de fugitif caché dans la forêt) plutôt que l’assimilation coloniale. Mbanza Kongo compte aujourd’hui 25.000 habitants.


LE KONGO ET LE DÉVELOPPEMENT

Le Kongo a nourri très vite des appétits de développement, autant que le Portugal a nourri ceux de tirer le plus profit des terres kongo. Dès 1510 il y’a en moyenne 5 bateaux par an qui accostent à Mpinda le port national. 10 ans plus tard il y’en a 3 fois plus. Depuis Afonso 1er Mbemba, les demandes en ouvriers (maçons, charpentiers, forgerons) étaient les plus insistante de la part des rois du Kongo. Ainsi, Alvare II insistait pour qu’à chaque homme d’église envoyé, corresponde un ouvrier dans la même cargaison. Mieux, il demanda que des familles entières quittent le Portugal définitivement pour s’installer en son royaume, avec des jeunes filles pouvant se marier avec ses sujets. Dans les conseils du gouverneur portugais de Sao Tome ou de celui d’Angola auprès du roi du Portugal on peut lire: « On ne doit pas lui envoyer des ouvriers; il ne convient pas qu’il ait dans son royaume des gens sachant faire le travail de la pierre, de la chaux ou du fer parce que ce serait pour lui l’occasion de désobéir à Votre Altesse (…) Il serait préjudiciable à votre Altesse que ce roi ait des sujets blancs, parce que grâce à eux, il sera si puissant qu’il se passera de vous. » La cupidité portugaise était telle que les hommes d’église s’intéressaient plus aux affaires qu’à tout autre chose. Sous prétexte que le roi les payaient en Nzimbu, une monnaie non utile au Portugal, il l’échangeait immédiatement en achetant des biens et des services sur place. Ainsi, le clergé portugais possédait sur place des terres ou se cultivait le tabac, les céréales, des légumes et des fruits, ils avait des élevages opulents, des manufactures de tissus, et des travailleurs quasi esclaves qui y travaillait. On parle d’un d’entre eux, le père Ribeiro, qui vendit des objets liturgiques, pour s’acheter des esclaves! D’où la difficile implantation du christianisme à cette époque.

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Le Parc marin des mangroves au Kongo central

DIVISION DU TEMPS DANS LE ROYAUME KONGO

Le calendrier basé sur la « semaine » de quatre jours était en vigueur; trois jours ouvrables et un jour pour le marché:

  • « Semaine » = 4 jours
  • Mois = 7 « semaines »
  • Année = 13 mois + 1 jour de fête à la fin.

Outre celui du marché, il y a un calendrier agricole Kongo qui comporte six saisons :

  • Kintombo (octobre-décembre) = saison des premières pluies, celle des semailles ( ntombo ). On la nomme également ma-sanza , « nourriture ».
  • Kyanza (janvier-février) = deuxième saison des pluies, celle de la récolte du vin de palme. On l’appelle aussi mwanga
  • Ndolo (mars à mi-mai) = dernière saison des pluies.
  • Siwu ou Kisihu (mai-août) = première saison sèche, marquée par les vents froids.
  • Mbangala (mi-août à mi-octobre) = seconde saison sèche, caractérisée par de fortes chaleurs. Mini mia mbangala expression courante signifiant « coups de soleil intenses ». Période des brûlis, mpyaza.

Source :  http://historiensducongo.unblog.fr/royaumes-et-chefferies

Liste des Manikongo du Royaume Kongo

Royaume Kongo : L'histoire du peuple Kongo à travers ses rois - Partie 1

Les Rois (ou Empereurs) du Kongo (Mintinu mia Kongo en kikongo); Manikongo est une déformation de Mani a Kongo. “Mani” est l’un des titres portés par un responsable administratif au Royaume Kongo. On peut ainsi parler de Mani a Kongo, Mani Soyo, etc. (celui qui gouverne, gère : des verbes manina/manisa : celui qui tranche, au sens de fixer/décider). L’appellation courante était et est encore Ntinu (roi : au sens de celui qui a la responsabilité du bien-être du peuple), ou bien Ntotila (celui autour de qui sont réunis des peuples, ou l’empereur dans une certaine mesure). C’est pourquoi l’on parle de Kongo dia Ntotila (le Kongo réunifié, ou le Kongo du roi ou l’Empire de Kongo). Sauf exception, les Ntinu a Kongo étaient élus par les anciens parmi les membres éligible des 12 clans Kongo.

Avant le xive siècle

  • En l’an 220 Ne Mbemba Zulu
  • Entre l’an 220-320 Nkulu Isanusi, Mama Mbangala
  • vers 320 Nsasukulu a Nkanda (prophète)
  • vers 420 Kodi Puanga (prophète)
  • En l’an 529, Kulunsi (prophète), Ne Nkembo Wamonesua
  • vers 520-530 Tuti dia Tiya (prophète)
  • jusque vers 690 Nimi a Lukeni

À partir de 1370

  • Nganga Makaba
  • Nkanga Nimi
  • Nkuvu a Ntinu
  • 1482-1506 : Jean Ier Nzinga a Nkuwu  ;
  • 1506-1543 : Alphonse Ier Mbemba a Nzinga ;
  • 1543-1545 : Pierre Ier Nkanga a Mvemba ;
  • 1545-1545 : François Ier (Ndo Fusa Ier) ;
  • 1545-1561 : Jacques Ier (Ndo Dyoko Ier) ;
  • 1561-1561 : Alphonse II (Ndo Mfunsu II) ;
  • 1561-1566 : Bernard Ier (Ndo Mbeledanu Ier) ;
  • 1566-1567 : Henri Ier (Ndo Ndiki Ier).

Kwilu kanda

  • 1568-1587 : Alvare Ier (Ndo Luvwalu Ier) ;
  • 1587-1614 : Alvare II (Ndo Luvwalu II)  ;
  • 1614-1615 : Bernard II (Ndo Mbeledanu II) ;
  • 1615-1622 : Alvare III (Ndo Luvwalu III).

Nkanga a Mvika kanda

  • 1622-1624 : Pierre II (Ndo Mpetelo II) ;
  • 1624-1626 : Garcia Ier (Ndo Ngalasia Ier).

Kwilu kanda

  • 1626-1631 : Ambroise Ier (Ndo Bolozi) ;
  • 1631-1636 : Alvare IV (Ndo Luvwalu IV).

Mpanzu kanda

  • 1636-1636 : Alvare V (Ndo Luvwalu V).

Nlaza kanda

  • 1636-1641 :Alvare VI Nimi a Lukeni a Nzenze a Ntumba (Ndo Luuwalu VI) ;
  • 1641-1660 :Garcia II Nkanga a Lukeni a Nzenze a Ntumba (Ndo Ngalasia II)
  • 1661-1665 :Antoine Ier Nvita a Nkanga (Ndo Ntoni Ier) dernier souverain indépendant du Kongo

Période d’anarchie du Royaume Kongo

À Mbanza São Salvador

  • 1665-1665 : Alphonse II (Ndo Mfunsu II) du Kanda Kimpanzu se réfugie à Nkondo ;
  • 1665-1666 : Alvare VII du Kanda Kinlaza ;
  • 1666-1669 : Alvare VIII du Kanda Kimpanzu ;
  • 1669-1669 : Pierre III Nsimba a Ntamba règne ensuite à Mbula
  • 1669-1670 : Alvare IX du Kanda Kimpanzu ;
    • 1670-1670 : Sébastien Ier, prétendant, roi à Kibangu ;
  • 1670-1674 : Raphaël Ier
  • 1673-1674 : Alphonse III, règne auparavant à Nkondo ;
  • 1674-1678 : Daniel Ier

À Kibangu : Agua Rosada

  • 1666-1670 : Sébastien Ier (Ne Mbemba a Lukeni), prétendant à São Salvador (1670).
  • 1670-1685/1689 : Garcia III (Ne Nganga a Mbemba ou Ndo Ngalasia III) ( † 1685/1689)
  • 1685/1689-1690 : André Ier du Kanda Kinlaza (Ndo Ndele Ier) ,
  • 1685/1689-1690 : Manuel Ier Alphonse (Ne Nzinga Elenke ou Ndo Manwele Ier ou )prétendant à São Salvador (1691-1692) († 1693) ;
  • 1690-1695 : Alvare X (Ne Nimi a Mbemba ou Ndo Luuwalu X) ;
  • 1695-1709 : Pierre IV (Ne Nsamu a Mbemba ou Ndo Mpetelo IV).

À Nkondo

  • 1665-1669 : Alphonse II du Kongo et Nkondo
  • 1669-1673 : Alphonse III (Ndo Mfunsu III) ;
  • vers 1682-1700 : Ana Afonso de Leão ;
  • 1700-1709 : D. Alvaro, prétendant.

À Mbamba Lovata

  • 1678-1715 : Manuel de Vuzi a Nóbrega († 1715)

À Mbula

  • 1669-1683 : Pierre III Nsimba a Ntamba (Ndo Mpetelo III Nsimba a Ntamba) ;
  • 1683-1716 : Jean II Nzuzi a Ntamba (Ndo Nzwau II Nzuzi a Ntamba).
    • 1687-1688 : Sébastien II Gritho, prétendant à Lemba.

Réunification du Royaume Kongo

  • Pierre IV (Ndo Mpetelo IV) (1709-1718)
  • Manuel II (Ndo Manwele II) (1718-1743)
  • Garcia IV (Ndo Ngalasia IV) (1743-1752)
  • Nicolas Ier (1752-1758)
  • Alphonse IV (Ndo Mfunsu IV) (1758-1760)
  • Antoine II (Ndo Toni II) (1760-1762)
  • Sébastien III, (1762-1763)
  • Pierre V (Ndo Mpetelo V) (1763-1764), chassé par son rival Alvare XI, non reconnu par tous les clans, il meurt en 1779 ;
  • Alvare XI (Ndo Luuwalu XI) (1764-1778)
  • Joseph Ier (Ndo Zozi Ier) (1778-1784)
  • Alphonse V (Ndo Mfunsu V) (avril 1785-1788)
  • Alvare XII (Ndo Luuwalu XII) (1788 – ?)
  • Joseph II (Ndo Zozi II) (? – 1790)
  • Alexis Ier (1791-1793),
  • Joachim Ier (1793-1794)
  • Henri II (Ndo Ndiki II) (1794-1803)
  • Garcia V (Ndo Ngalasia V) (1803-1830)
  • André II (Ndo Ndele II) (1825-1842)
  • Henri III (Ndo Ndiki III) (1842-1857)
  • Alvare XIII (Ndo Luuwalu XIII) (1857-1859)
  • Pierre VI Elelo (Ndo Mpetelo VI) (1859-1891)
  • Le royaume devint vassal du Portugal en 1888.

Rois vassaux du Portugal

  • 1891-1896 : Alvare XIV Mfutila d’Agua Rosada (Ndo Luuwalu XIV Mwemba Mpanzu) ;
  • 1896-1901 : Henri IV (Ndo Diki IV Nzuga Nzingorégent
  • 1901-1910 : Pierre VII (Ndo Mpetelo VII Mwemba Vuzi Nzinga) ;
  • 1910-1912 : Manuel (III) Nkomba
  • 1912-1915 : Manuel III Kidita (Ndo Manwele III Mvemba Vuzi).
  • Les portugais abolissent la fonction de « Roi du Kongo » après la révolte de 1914.

Rois titulaires

  • 1915-1923 : Alvare XV Alphonse Nzinga ;
  • 1923-1955 : Pierre VIII Alphonse (Ndo Mpetelo VIII) ;
  • 1955-1957 : Antoine III Alphonse (Ndo Ntoni III) ;
  • 1957-1962 : Isabelle Maria de Gama son épouse, régente ;
  • 1962-1962 : Pierre IX Alphonse Mansala fils d’Antoine III ;
  • 1962-1975 : Isabelle Maria de Gama régente.
  • Abolition de la monarchie et intégration dans la République d’Angola

Sources

  • (en) & (de) Peter Truhart, Regents of Nations, K.G Saur Münich, 1984-1988 (ISBN 359810491X), Art. « Costal States / Küstenstaaten », p. 238-240.
  • (en) Anne Hilton The Kingdom of Kongo Clarendon Press 1985 Fig 1 p. 86 & Fig 2 p. 132.

Clans du peuple kongo dans le Royaume Kongo

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Le clan est chez les Bakongo, une réunion de familles ayant le même ancêtre lointain. Comme dans la plupart des sociétés d’Afrique subsaharienne, le clan joue un rôle très important dans une société ethnique. C’est par le clan que l’individu peut s’identifier au reste du groupe et trouver sa place au sein de toute la communauté.

Clans de base


Le clan Nsaku

Le clan Nsaku se chargeait du domaine spirituel et de la justice et fournissait toujours le Mani Nsaku Ne Vunda4, la deuxième personnalité de l’empire, juste après le Mani Kongo5. L’ascendance de ce clan sur les autres était telle que, dans les terres qui leur appartenaient, ils nommaient eux-mêmes leur dirigeants, contrairement aux autres régions où c’était au Mani Kongo de nommer le chef. Les Nsaku présidaient à toutes les activités religieuses. En politique, ils se plaçaient au premier rang aux côtés du Mani Kongo. Ils dirigeaient par ailleurs les obsèques du défunt souverain et présidaient l’élection de son successeur. Selon certaines traditions, l’épouse du Mani Kongo était souvent membre du clan Nsaku ; cela avait sans doute pour effet de lier les Nsaku à la maison impériale et de renforcer leur influence. Un Nsaku (un homme né d’une mère Nsaku) ne pouvait prétendre à la royauté, étant chargé du domaine religieux. La mémoire kongo se souvient de ce clan comme étant le guide des Bakongo.

Le clan Mpanzu

Il était celui des artisans et des techniciens qui maîtrisaient notamment l’art de la métallurgie. Ils avaient aussi la responsabilité de conduire les hommes pendant la guerre. C’est sans doute à cause de ce fait et aussi parce qu’ils avaient la maîtrise de la métallurgie que les membres de ce clan ont souvent, au cours de l’histoire médiévale des Bakongo (Ngola), revendiqué non sans succès la royauté. En effet, l’art de la forge était considéré comme un attribut royal et sacré et cet art était au centre de l’activité économique, politique et sociale. C’est grâce à lui que les paysans avaient des outils pour travailler et que les guerriers avaient des armes pour se battre. Il était aussi un outil de prépondérance politique et sociale, le fer étant la principale matière nécessaire à la confection des armes et le cuivre étant un métal précieux. La mémoire kongo se souvient d’eux comme les dépositaires de la connaissance.

Le clan Nzinga

Quant au clan Nzinga, il était le clan qui fournissait généralement les souverains. Les membres de ce clan occupaient la plupart des postes administratifs et gouvernementaux du pays. Chez les Bakongo, aucun poste n’était héréditaire. Le futur Mani Kongo accédait donc au trône par élection — même si le Mani Kongo régnant pouvait proposer son candidat, lequel était souvent un fils ou un neveu —, les candidats étant toutefois membres d’une famille dynastique. Les titulaires des autres postes étaient nommés par le Mani Kongo, sauf pour les postes dévolus aux Nsaku dont les membres nommaient eux-mêmes leurs candidats. Du clan Nzinga, la mémoire kongo se souvient comme celui qui a le don du gouvernement.

Clans « filles »

Par clans « filles », il faut entendre les clans issus des trois clans de base. En effet, à partir du xviie siècle, époque marquée par le début de la colonisation portugaise en Angola, le peuple des Bakongo est en crise : plusieurs individus se déplacent vers le nord en direction de l’actuelle République du Congo. Cet éloignement progressif du noyau de la civilisation kongo (actuelles provinces du Zaire et Uige en Angola et centre-sud de l’actuelle province du Bas-Congo en République démocratique du Congo) crée un affaiblissement des valeurs fondatrices. De plus, ce peuple doit, au fur et à mesure des déplacements, conclure des alliances matrimoniales ou politiques avec les peuples des localités où il s’est installé ou qu’il a traversé. Ainsi, les familles, grandissant et se mélangeant, devenaient progressivement à leur tour des clans. Ces nouveaux clans virent en leur sein la naissance de plusieurs familles qui malgré les nombreux changements, n’oublièrent jamais leurs liens avec leurs clans d’origine, c’est-à-dire leurs clans de base.
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