L’esclavage dans l’Etat Indépendant du Congo sous le Roi Léopold II
L’esclavage est la condition d’un individu privé de sa liberté, qui devient la propriété, exploitable et négociable comme un bien matériel, d’une autre personne. Défini comme un « outil animé » par Aristote, l’esclave se distingue du serf, du captif ou du forçat (conditions voisines dans l’exploitation) par l’absence d’une personnalité juridique propre. Des règles (coutumes, lois…) variables selon le pays et l’époque considérés, fixent les conditions par lesquelles on devient esclave ou on cesse de l’être, quelles limitations s’imposent au maître, quelles marges de liberté et protection légale l’esclave conserve, quelle humanité (quelle âme, sur le plan religieux) on lui reconnaît, etc. L’affranchissement d’un esclave (par son maître ou par l’autorité d’un haut placé) fait de lui un affranchi, qui a un statut proche de celui de l’individu ordinaire. Esclavage. Et ainsi, on parle d’esclavage.
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L’épineuse question de l’esclavage
L’occupation du Congo se fait en général de manière pacifique. La population de race bantoue, nigritienne (soudanaise), nubienne ou négrille, est de mœurs relativement douces et accueillantes. Il en va tout autrement dans la partie orientale, située entre le Haut-Congo et le Tanganyika, où habitent des Arabes zanzibarites grands trafiquants d’esclaves.
Afin de mieux remplir les devoirs que lui imposait l’Acte de Berlin, Léopold II convoque à Bruxelles, en 1889, une Conférence antiesclavagiste. Cette réunion internationale élabore un système général de répression du trafic des esclaves (Acte de Bruxelles du 2 juillet 1890).
C’est à cette même époque que les hostilités s’engagent entre les postes avancés de l’Etat et les chasseurs d’esclaves. Il devient donc urgent de prendre des mesures énergiques, mais les difficultés matérielles sont énormes : des forêts, des marécages, des brousses offrent des avantages considérables à un adversaire nombreux et bien armé. La campagne antiesclavagiste finit par triompher et ce, malgré les nombreux massacres infligés aux Belges.
En 1889, Léopold II fait un testament léguant le Congo à la Belgique. Mais comme en Belgique rien n’est jamais simple, ce legs nécessite une révision de la Constitution afin d’y inclure l’acquisition de colonies, protectorats ou autres possessions d’outre-mer.
Lorsqu’une première proposition d’annexion est déposée à la Chambre, elle provoque une discussion longue et passionnée. Le projet est rejeté.
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Froissé par les objections et les critiques soulevées au Parlement, Léopold II décide de ne plus encourager davantage le gouvernement. Mais, pressé par d’impérieux besoins d’argent pour sauver son œuvre, il en arrive à restreindre la liberté commerciale imposée par l’Acte de Berlin en divisant son territoire en domaines et fondations :
- L’Etat se déclare propriétaire de toutes les terres vacantes, ce qui lui donne le monopole des 2 principales richesses du moment : l’ivoire et surtout le caoutchouc dont l’importance économique s’accroît brusquement.
- Ailleurs, l’Etat octroie de larges concessions à des sociétés privées en y conservant de puissants intérêts
- Des « Fondations de la Couronne » sont créées. Leurs revenus vont permettre la création du musée de Tervuren ainsi que l’accomplissement d’une série de travaux d’utilité publique de caractère somptuaire, au Congo et en Belgique.
- Les indigènes sont tenus, par un système de corvées, à fournir d’importantes quantités de caoutchouc et de défenses d’éléphants
- Des agents locaux trop zélés, des chefs indigènes cupides punissent les réfractaires par des incendies de villages, des captures d’otages et des châtiments corporels.
Sculpture: L’incroyable Hommage rendu aux esclaves durant la traversée de la Mer
Le système, devenu générateur d’abus, ne tarde pas à provoquer des réactions violentes en Belgique et à l’étranger. C’est ainsi que deux Britanniques libéraux décident de mobiliser l’opinion internationale en lançant de vastes campagnes de calomnies et des attaques si virulentes contre Léopold II que celui-ci se voit contraint d’envoyer une commission d’enquête internationale au Congo. Il apparaît alors que cette campagne de diffamation étrangère, quoique dénonçant à juste titre certains abus du système domanial, dissimule en fait un appétit des plus dangereux pour l’avenir de la colonie belge. Par ailleurs, le risque est réel de voir les Etats-Unis rejoindre l’attitude désapprobatrice de l’Angleterre à l’égard du roi des Belges.
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